Jusqu’ici, les grandes tiges vertes, bien feuillues, laissaient encore l’espoir de rendements remarquables. Désormais, ce qui frappe, c’est l’aspect penché, voire couché, de certaines parcelles. Alors que sur l’ensemble du territoire, les voyants vont plutôt au trop sec et au trop chaud, les cultures de maïs dans l’ouest breton portent les traces de la perturbation qui est passée par là lors du dernier week-end de juillet. « L’intensité de la verse a été très variable » en termes d’inclinaison et de surface touchée selon Michel Moquet, référent régional Arvalis.
La photosynthèse sera pénalisée
L’expert rappelle les facteurs de risque. « Le gabarit des plantes est important, mais la résistance variétale et le stade jouent aussi. Les semis plus tardifs, avec des racines coronaires moins développées sont particulièrement exposés. » Ainsi les dégâts sont variables, les réactions de la culture le seront aussi, même si à partir de la floraison, « les plantes ont plus de difficulté à retrouver un port vertical qu’en phase de croissance et d’élongation entre nœuds. Sur des plantes inclinées à moins de 45° par rapport au sol, les pertes à attendre seront limitées. » En revanche, sur des plantes plus inclinées voire couchées, l’impact pourra être tout autre : « l’accès à la lumière devient fortement limitant. Il peut même y avoir des défauts d’alimentation liés à la casse racinaire. » Et dans tous les cas, « la récolte sera plus compliquée », qu’il soit question d’ensilage ou de moisson.
Le sens de récolte peut être adapté
« Un maïs couché sera aussi plus lourd car il restera plus humide », confirme Michel Seznec, animateur du réseau cuma dans l’Ouest. « C’est surtout quand la plante est cassée ou couchée dès le pied que la récolte est plus complexe. Elle est plus difficile à faire monter dans la machine et dans ce contexte, les becs à petites toupies sont parfois moins performants. » Mais le référent du réseau sur les questions d’ensilage du maïs se veut aussi rassurant. Avec les moyens modernes, les éleveurs ne seront pas sans solution à l’ensilage. Avec une verse régulière et des parcelles qui le permettent, le sens de récolte peut être adapté. « Aujourd’hui les becs rotatifs permettent de travailler hors sens des rangs pour un ramassage optimum. ». Néanmoins, cette possibilité qui évite de laisser trop de pieds au sol ne correspond pas toujours au meilleur sens d’entrée de la plante dans l’ensileuse, ce qui peut impacter la qualité et la régularité du hachage.
« Il peut être nécessaire d’avoir des releveurs sur les becs et des vis latérales, pour redresser la plante proche du pied, avant qu’elle soit coupée », car la coupe au niveau du bec reste importante, sans quoi, soit le plant reste au sol, soit il est arraché et monte à bord de l’ensileuse avec sa motte de terre. Pendant la campagne, en présence de tels phénomènes, il faudra donc être « encore plus vigilant sur la qualité des pièces de travail de la machine, affûter plus régulièrement les couteaux, vérifier l’usure des contre-couteaux, des éclateurs, des tôles d’usure… », préconise Michel Seznec. « Des cuma qui seraient concernées par des parcelles difficiles peuvent aussi essayer d’anticiper » et faire appel à d’autres groupes de secteurs non touchés cette année et qui disposent de becs mieux adaptés pour la récolte.
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