Tous les premiers mardis de chaque mois, ils sont de 6 à… 40 personnes assises autour d’une table, dans un petit bistrot de campagne tenu par une mamie de 70 ans. Pour «boire un coup», mais aussi discuter d’un sujet donné. L’estaminet est situé à Coulons, dans le sud des Deux-Sèvres (en limite de Vendée et de Charente-Maritime), une bourgade nichée dans le marais mouillé. Un pays prisé par les estivants et les promeneurs qui, dès les beaux jours, déambulent en barques sur les nombreux canaux navigables de ce coin bucolique. Une forte empreinte champêtre marque encore ce paysage. Mais ici comme ailleurs, le nombre d’agriculteurs a fondu. De moins en moins d’habitants gardent encore la mémoire fidèle d’un passé dominé par l’activité agricole. «J’habite à la campagne, mais je ne sais pas très bien ce qui se passe ici dans les exploitations agricoles», s’est ému un jour l’un d’eux, à la sortie d’une séance de cinéma consacrée à l’agriculture. Un sentiment partagé par beaucoup de ruraux qui ignorent la réalité actuelle du métier de paysan. Cette réaction a interpellé les agriculteurs regroupés dans le Civam local, dont l’un des objectifs est justement de tendre des liens solides et respectueux avec la population. C’est pour corriger en partie cette méconnaissance que les membres du Civam ont donc eu l’idée de programmer des rencontres au bistrot entre agriculteurs et non-agriculteurs.
Lever les incompréhensions
«Ce n’est pas toujours facile d’expliquer de manière simple ce qu’est l’agriculture et ses contraintes», explique Mélanie Pontouis, animatrice du Civam et cheville ouvrière de ces soirées d’échanges. Il faut user de patience, de pédagogie, pour lever les incompréhensions et parfois même briser les anathèmes qui pèsent sur le monde agricole. De telles rencontres y concourent. L’éventail des sujets abordés est très vaste. La qualité de l’alimentation, les enjeux de l’irrigation, les nouvelles façons de produire, de cultiver et de préserver le sol… D’autres sujets débordent du strict cadre de l’agriculture et s’ancrent dans les problématiques du territoire, l’histoire et la transformation du marais, la vitalité du milieu rural et son cadre de vie… Guillaume de Desalvert, l’un des habitués du café citoyen, justifie cette démarche: «Nous souhaitions des occasions où les rencontres entre des citoyens ‘lamda’ et les agriculteurs locaux se fassent réellement. Cette approche ludique, par petits groupes, permet de nuancer l’opinion des gens à partir de prises de paroles informatives.» L’initiative s’est même prolongée récemment par une visite d’exploitation, pour mieux toucher du doigt la réalité agricole et toutes les synergies qui peuvent se nouer avec le milieu naturel et les citoyens du monde rural.
Principes de fonctionnement très simples
• Le rythme: tous les premiers mardis de chaque mois • De 8h30 à 23 heures maxi • Premier principe: partager un pot • Deuxième principe (à égalité avec le premier): échanger entre participants sur un thème donné et s’écouter, quelles que soient les opinions de chacun… (un modérateur veille au bon déroulement des échanges) • Le thème choisi est défini d’une fois sur l’autre • Une personne ressource est éventuellement invitée pour «éclairer» l’auditoire sur le sujet abordé • La promotion de la rencontre est assurée par des relais locaux, la presse, les associations locales, le Civam, l’Amap, le bouche à oreille… • Les «consom’acteurs» viennent de 15 à 20km à la ronde |