« Je reste convaincu que nous devons apporter aux travailleurs occasionnels et à toutes les exploitations qui en embauchent régulièrement des solutions concrètes, tout simplement pour être compétitif et garder des exploitations qui soient performantes », a déclaré M. Le Maire lors d’un point presse commun avec son collègue de l’Agriculture, Stéphane Travert.
Interrogé sur le fait qu’il avait lui-même mis en place cette exonération lorsqu’il était ministre de l’Agriculture (2009-2012), M. Le Maire a répondu que « les dispositifs passent, les problèmes restent ». « J’ai mis en place il y a quelques années ce dispositif pour répondre à un problème qui reste entier, c’est celui du coût du travail pour les travailleurs occasionnels, en particulier dans la viticulture ou le maraîchage ».
« Aujourd’hui, si vous faites pousser des asperges d’un côté du Rhin ou de l’autre, vous allez être confrontés à un problème de coût du travail et quelque soit la qualité des asperges alsaciennes -qui sont exceptionnellement bonnes-, si le coût du travail pour les ramasser est trop élevé, vous n’arriverez pas à les vendre », a souligné M. Le Maire.
« Donc, il faut traiter ce problème et je reste convaincu, comme Stéphane Travert, que nous devons apporter une solution concrète à la question des travailleurs occasionnels pour le maraîchage, pour l’arboriculture et pour la viticulture. Si ce n’est pas le TODE (travailleur occasionnel/demandeur d’emploi, NDLR), il va falloir que ce soit autre choses, donc il faut qu’on y travaille ensemble », a-t-il insisté.
« Le Premier ministre nous a demandé de réunir des groupes de travail avec les organisations syndicales, mais aussi avec les filières pour pouvoir trouver des outils qui permettront de répondre aux inquiétudes », a indiqué pour sa part Stéphane Travert.
La FNSEA, vent debout contre la suppression de cette exonération, a organisé ces derniers jours plusieurs actions locales pour « emmener les parlementaires aux champs » afin de les sensibiliser à l’importance de l’emploi saisonnier en monde rural. Cette mobilisation se poursuit, notamment vendredi dans l’Hérault.
Selon la FNSEA, la fin de cette exonération concerne 930.000 contrats de travail saisonniers, et occasionne 189 euros de coût supplémentaire par salarié saisonnier et par mois, soit 144 millions d’euros de surcoût à l’échelle nationale.
Cela conduira inévitablement à une « nouvelle réduction des surfaces de production légumières et fruitières en France » car « les coûts de production en France sont déjà 36% supérieurs à ceux de l’Italie, 27% à ceux de l’Allemagne et 21% à ceux de l’Espagne » selon la présidente du syndicat, Christiane Lambert.
Concernant les asperges évoquées par Bruno Le Maire, la FNSEA a calculé que la France avait déjà réduit de 56% ses surfaces de culture entre 1996 et 2016, alors que dans le même temps l’Allemagne les augmentait de 112%.