Albert Menvielle a été président de la Cuma de 1979 à 2017 : « La cuma du Plateau de Ger a été créé en 1975, autour de l’activité ensilage. En 1990, elle rassemblait 53 producteurs laitiers et faisait voyager ses ensileuses sur 500ha.
Elle s’est développée jusqu’à compter environ 130 adhérents. De 2000 à 2007, les 1000ha d’ensilage sont tombés à 250.
La cuma a commencé à regrouper ses machines avec les voisines. Aujourd’hui, ce sont 100ha d’ensilage qui restent, l’activité lait continue sa décrue. »
L’ancien président : « les clés du camion, c’est le CA qui les a ! »
« Nous n’étions pas une bande de copains au départ. Nous sommes devenus amis avec la cuma. Il y avait ce côté festif… très festif », dit-il, et toute la salle rit en écho à ces « bringues » devenues légendaires.
Albert Menvielle le dit fermement : « ce n’est pas moi qui avais les clés du camion ! ». En d’autres termes, ce n’était pas lui le « patron » de la Cuma.
« Par contre, j’ai fait des formations en communication et management. Par ce qu’à mon sens, le président c’est surtout celui qui manage le Conseil d’administration. J’étais celui qui menait les réunions, pas celui qui commandait. Ce qui est important, c’est que chacun s’exprime. Les gens adhéraient à la Cuma, il y a avait du renouvellement. Sur chaque dossier, nous nous efforcions d’atteindre un consensus. »
Le nouveau trésorier : « Le travail de renouvellement du CA avait déjà été entamé »
Jean-Yves Claverie, associé au Gaec avec Albert Menvielle, aujourd’hui trésorier de la Cuma.
« Ce qui m’a donné l’envie de m’impliquer : un historique. Je me suis installé en 1998 maïsiculteur sur 15ha. C’est d’ailleurs la création du groupe tracteur m’a permis de m’installer. Il y a un groupe et un histoire forte. Du travail en commun, l’après-travail, c’est important. Ce qui m’a motivé, un travail pénible surtout pour nous, petits gabarits ! Cette pénibilité on la diminue en travaillant en groupe.
« Une efficacité aussi : quand on travaille à deux, il faut travailler comme trois sinon ça ne sert à rien ! Quand on travaille à plusieurs, on progresse aussi. Sur certains travaux on est parfois persuadé d’être bon. On regarde les autres, et on s’aperçoit que l’on peut s’améliorer, en fait. C’est pour cela que je me suis impliqué en devenant trésorier de la Cuma. Elle nous a donné, et j’essaie de rendre. C’est une reconnaissance et un plaisir.
Les anciens, président et trésorier ont démissionné en même temps. Mais ils avaient préparé le terrain : dans Conseil d’administration, il y avait déjà des jeunes. Le travail de renouvellement avait déjà été fait par l’équipe précédente. C’est important qu’il y ait un mélange de générations pour que l’on puisse profiter de l’expérience et de l’énergie de tous.
Pour notre première assemblée générale, nous avons inscrit un thème volontairement provocateur à l’ordre du jour : la pérennité de la Cuma. Avec l’idée de faire venir un maximum de monde en posant cela sur la table. Cette Cuma est née grâce à l’élevage qui disparaît. Comment remobiliser ? Cela va être un sujet sur lequel on va avoir besoin de réfléchir.
Cela a fonctionné, même si nous avons dû appeler les jeunes individuellement. Ils ont fait l’effort de venir, même s’ils sont parfois très occupés chez eux. J’espère que pour les AG à venir on parviendra à les mobiliser à nouveau. »
Le nouveau président : « on aimerait créer un lieu de vie, pour faire émerger des idées »
Brice Theas, aujourd’hui président de la Cuma du Plateau de Ger depuis 18 mois, était un candidat-surprise. Il est producteur de canards gras en vente directe, et de maïs. Pour quelles raisons a-t-il décidé d’assumer cette fonction ?
« La cuma c’est un outil essentiel à nos activités », souligne-t-il. « C’est aussi ce qui nous permet de nous rencontrer. Ce jour-là (le jour du CA pendant lequel l’équipe devait réélire président et trésorier, ndlr), tout le monde se regardait, c’était le silence. Jean-Yves Claverie avait dit qu’il prenait la trésorerie.
Je me suis dit « tu veux t’impliquer dans la vie agricole locale, c’est un premier pas. Jean-Yves est là, la fédération peut m’aider en cas de besoins. Fonce et on verra bien. » Ça a été assez simple.
Etant donné le virage qu’est en train de prendre l’agriculture dans le secteur, il y a un peu de stress. Bien sûr on voit la Cuma pour acheter et utiliser du matériel en commun, réduire les coûts. Mais ce que nous espérons aussi, c’est de faire vivre le lien social sur le plateau. »
« Avec l’ensilage les gens se voyaient. Là ils se retrouvent chez eux, achètent du matériel seuls. On aimerait créer un lieu de vie, pour dynamiser l’agriculture du plateau. On a un hangar, mais on n’a pas de lieu de rencontre. On prend les locaux de la mairie, mais ce n’est pas très convivial. On va donc créer ce lieu pour faire émerger de nouvelles idées. Ça peut être en cuma ou pas d’ailleurs, sur des nouvelles activités, de l’innovation. »
« En 2019, nous avons décidé de faire une journée avec tous les adhérents de la cuma, partir en bus, découvrir de nouvelles choses. Nous la finançons avec nos indemnités. On ne veut pas aller voir des gros tracteurs ou des charrues, mais des innovations. Pour se mettre un pied à l’étrier, lancer de nouveaux projets. On espère que la cuma va vivre d’autres choses que du matériel agricole en commun, ce qu’elle fait jusqu’à présent. »