La cuma betteravière de Margerie Hancourt dans la Marne et la cuma de Han-Lès-Juvigny dans la Meuse viennent toutes les deux de franchir le cap de la traction en commun. L’une en secteur grandes cultures, l’autre en secteur d’élevage. Ces deux cuma ont chacune investi dans un tracteur de 200 ch, équipé de GPS. Ces tracteurs devraient réaliser environ 650 heures par an. De taille similaire (20 adhérents et environ 40 000€ de CA), elles ne partageaient jusqu’à présent que du matériel attelé.
«Le parc matériel de notre cuma était composé jusqu’à présent de broyeurs, déchaumeurs, semoirs et plus récemment de matériels de désherbage mécanique», précise Yves Durand, président de la cuma de Margerie Hancourt.
«De notre côté, la plupart des adhérents sont des éleveurs», détaille Eric Saunois, président de la cuma de Han-Lès-Juvigny. «Le parc matériel est plutôt composé de matériels comme des épandeurs à fumier, du matériel de récolte de fourrages, mais aussi des outils de travail du sol.»
Traction en commun: les éléments déclencheurs
Avec la mise en place du désherbage mécanique, la cuma de Margerie-Hancourt avait besoin d’optimiser l’organisation du matériel. En effet, la cuma s’est équipée avec du matériel spécifique et exigeant en réglage. Notamment des bineuses et semoirs à 50cm et 20cm d’écartement. Et les adhérents ont rapidement compris que le partage d’un tracteur pouvait apporter un gain important dans l’organisation.
«Les deux premières saisons de semis et de désherbage mécanique se sont réalisées avec la mise à disposition des tracteurs de trois adhérents de la cuma. Certains sont équipés en roues étroites pour le binage, d’autres de GPS RTK pour le semis», explique Yves Durand. Par la suite, la cuma a donc décidé d’investir dans un tracteur New Holland T7.225, avec un jeu de roues étroites supplémentaire et du GPS RTK.
À lire: [Vidéo] Prix, modèles et marques : quels tracteurs achètent les cuma ?
Augmenter les débits de chantier
Pour la cuma de Han-Lès-Juvigny, la réflexion s’est davantage engagée en visant une augmentation des débits des chantiers. Notamment pour faire face à un manque de main-d’œuvre dans les exploitations. En effet, les contraintes de ces éleveurs ont conduit certains adhérents à exprimer des besoins en équipements plus conséquents. Par exemples des déchaumeurs à disques de 5,50m, un groupe de fauche de 6m, ou encore des épandeurs de plus grande capacité.
Cependant certains adhérents, ne bénéficiant pas de tracteur assez puissant, étaient bloqués dans l’utilisation de certains matériels. Un groupe de cinq adhérents dans un rayon de 5 km ont alors fait l’acquisition d’un tracteur John Deere 6195M.
À lire :
«Le John Deere 6M? Un vrai tracteur typé élevage!»
La transmission AutoPowr disponible sur les John Deere 6M
«Le prévisionnel de 680 heures annuelles du tracteur fût réalisé à 80% avec du matériel de la cuma», précise Eric Saunois. «Ainsi, la faible distance entre les utilisateurs et la mutualisation des outils attelés ont grandement facilité l’organisation autour du tracteur.»
Le groupe a fait le choix d’un tracteur avec une prise force pour l’utiliser avec un groupe de fauche de 6m acheté par la même occasion. Le choix du GPS permettra aussi aux adhérents de gagner en productivité. Mais aussi d’essayer de nouvelles techniques comme le semis direct.
«L’optimisation du tracteur par la mutualisation nous a permis d’acheter un matériel bien dimensionné et bien équipé. Cela va nous permettre d’envisager de nouvelles techniques de travail et le développement de nouveaux projets de matériels.»
Traction en commun, quelle organisation?
Dans ces deux groupes, l’organisation a été réfléchi afin de réussir les échanges autour de ces nouveaux matériels. Les deux cuma ont décidé de prioriser l’utilisation du tracteur. En particulier lorsqu’il est attelé avec le matériel de la cuma.
«Dans la cuma de Margerie-Hancourt, certains adhérents ont fait le choix d’intégrer la section traction en ne prenant que 20 ou 30h d’engagement. Cela n’a pas posé problème à partir du moment où l’utilisation du tracteur n’a pas été touchée. Par exemple, pendant la période de déchaumage, les adhérents prennent dorénavant le tracteur qui est déjà attelé sur le déchaumeur. »
« Ainsi, ils peuvent bénéficier d’un tracteur plus récent et plus confortable que ceux dont ils disposent sur leurs exploitations. Au final, certains adhérents ont même repoussé leurs projets de renouvellement de tracteur dans leurs exploitations.»
Pour en savoir plus sur les coûts des tracteurs, cliquez sur Tracteurs de 175ch aux Rayons X.
24€/h hors GNR
Pour la réservation du matériel, en plus d’avoir désigné un responsable du tracteur, la cuma de Han-Lès-Juvigny utilise la messagerie WhatsApp, alors que la cuma de Margerie-Hancourt utilise le service de réservation en ligne myCumaPlanning.
«Quoi qu’il arrive, l’arrivée du tracteur dans la cuma aura permis d’augmenter les interactions et l’entraide entre les adhérents. La traction en commun a aussi apporté de la souplesse dans l’organisation du travail», se félicite Éric Saunois.
Après presque une année d’utilisation des tracteurs dans chacun des groupes, la nouvelle organisation s’est rapidement mise en place dans ces deux cuma. L’implication de chacun des utilisateurs a permis d’atteindre, et même de dépasser, l’engagement de 650 heures annuelles et ainsi descendre en dessous de l‘objectif de tarif à 24€/h (hors GNR) que les groupes s’étaient fixés.
À lire sur la même thématique :
Le tracteur, étape importante dans la construction de la cuma
Optimiser le coût de la traction: le témoignage de la cuma du Fay