Construire un tracteur autonome, c’était jusque-là l’affaire des grands groupes : John Deere, Case IH, New Holland ou Kubota. On a vu aussi des spécialistes du domaine, comme Precision Makers. Mais quand c’est un agriculteur tout seul qui s’y colle, chapeau ! Guillaume Gangnolle, en polyculture élevage sur 256 ha dans le Loiret, a tenté l’expérience.
Ce jeune homme s’avoue lui-même très bricoleur, mais il n’est ni électronicien ni informaticien. «Je pense depuis plusieurs années à l’idée d’un tracteur autonome qui pourrait travailler dans la même parcelle que moi, pendant que je fais autre chose. Comme déchaumer alors que je moissonne».
Tracteur autonome Vatra T150 : un modèle qui s’y prête
Il s’y est mis à fond il y a environ un an, avec beaucoup d’investissement personnel et un peu d’aide d’un ami. Il a rendu autonome son Valtra T150 de 2004, qui affiche aujourd’hui 8800 heures. « J’ai un tracteur qui se prêtait bien à cette transformation car toutes les commandes essentielles comme l’avancement, les vitesses ou le relevage, sont pilotées de manière électrique, et il possède une deuxième direction sur le poste inversé ».
L’électronique maison assure l’autonomie du tracteur. Elle est raccordée de manière propre et sûre au tracteur en venant se greffer en parallèle des contacteurs d’origine, via un couplage optique pour empêcher toute interférence. Pour la direction, un moteur électrique pas à pas fait simplement tourner le second volant propre au poste inversé.
Surtout du temps à passer
Guillaume Gangnolle a investi environ 350 h de travail dans ce chantier, dont beaucoup de réflexion et de programmation. « Le budget composants n’est pas très élevé, peut-être 1200 ou 1300 euros en plus du récepteur GPS du commerce qui était nécessaire ». Le résultat est évidemment rustique d’apparence, et ne serait pas programmable par le premier venu. Côté sécurité, le tracteur est conçu pour travailler à l’intérieur d’une parcelle dont on a préalablement défini les contours. Il est équipé d’un capteur Lidar qui scanne l’avant du tracteur pour détecter les obstacles. Ce système d’arrêt est doté de son propre circuit. L’utilisateur reçoit par ailleurs des alertes et garde la main sur le tracteur grâce à une télécommande avec retour vidéo (comme en utilisent les pilotes de drones).
Et maintenant ? Guillaume Gangnolle poursuit les essais de son tracteur et réfléchit à équiper un autre. Il partage volontiers son expérience mais protège légitimement quelques secrets de fabrication.