Le nombre de chefs d’exploitation agricole s’est réduit à 448.500 (-1%) en 2018. En 2017, il s’élevait encore à 453.000, et en 2016 à 462.000, a précisé la MSA, le régime de sécurité sociale des agriculteurs (santé, retraite, emploi).
Il y a dix ans, en 2008, la France comptait encore 514.000 agriculteurs.
Le pays « perd entre 1,5% et 2% de chefs d’exploitation par an », a indiqué un responsable de la MSA, selon lequel cette érosion est « assez régulière ».
« Les installations de nouveaux agriculteurs ne compensent toujours pas les départs, c’est systématique chaque année », a-t-il précisé.
L’érosion est due principalement à deux facteurs. Lors des départs en retraite, les exploitations ne sont pas reprises une pour une, de nombreuses commissions départementales chargées d’attribuer les terres privilégiant les agrandissements d’exploitation. L’artificialisation des terres en zones péri-urbaines et l’augmentation des forêts en général en France contribuent aussi à réduire le nombre d’exploitations.
« Il est à noter qu’il n’y a pas eu de baisse accélérée du nombre d’exploitants agricoles au cours des quatre dernières années malgré la crise », qui « n’a pas causé d’hémorragie de cessations d’activité », a relevé le responsable de la MSA.
Hausse des installations en 2017
La MSA a aussi détaillé les chiffres des installations de nouveaux agriculteurs, qui sont reparties en légère hausse en France en 2017 (+1,2%) après un recul de 6,2% en 2016.
Les chiffres d’installations pour 2018 de la MSA ne seront pas rendus publics avant juillet.
Mais d’ores et déjà, le syndicat des jeunes agriculteurs JA et la FNSEA se sont félicités dans un communiqué de l’augmentation du nombre d’installations aidées en 2018, un dispositif d’accompagnement ouvert à tous les porteurs de projet dont ils sont à l’origine. « Notre travail sur l’installation paye », ont-ils jugé dans un communiqué.
Selon les chiffres de la MSA, 14.319 nouveaux agriculteurs ou agricultrices se sont installés en 2017, soit 173 de plus qu’en 2016.
Les deux tiers (9.533) avaient moins de 40 ans, la barre qui détermine le statut de jeune agriculteur et permet d’accéder aux aides européennes (+3,1%).
Par effet de balancier, et contrairement aux années précédentes, les « installations tardives ne résultant pas d’un transfert entre époux » ont baissé (-4%) et représentent désormais 25,6% des installations réalisées (contre 27% en 2016).
Ces installations tardives, qui avaient le vent en poupe ces dernières années, correspondent le plus souvent à des urbains ou professionnels en deuxième partie de vie professionnelle ne possédant pas de terres, mais diplômés en agriculture ou agronomie et porteurs de projets précis et innovants.
Nouvelles niches de production
La légère hausse des installations provient aussi de la modification des règles en 2015 qui a permis d’inclure dans la famille des agriculteurs des niches de production qui en étaient autrefois exclues.
« Les critères d’affiliation pour pouvoir prétendre au titre de chef d’exploitation ont été assouplis pour permettre d’inclure de toutes petites exploitations avec très peu de terres, où le nombre d’heures de travail est conséquent et qui procurent un revenu décent », a commenté un responsable de la MSA.
Ainsi des élevages de lombrics, d’insectes pour l’industrie pharmaceutique, des sites de production d’algues ou d’herbes aromatiques sont désormais considérés comme des exploitations agricoles.
Avec les nouvelles règles d’affiliation plus souples, les installations de nouveaux agriculteurs, qui s’établissaient en moyenne autour de 13.000 par an avant 2015, ont brusquement gonflé à 15.100 en 2015, rappelle la MSA. Cette année-là, quelque 1.800 petites entreprises avaient ainsi été intégrées.
Les statistiques montrent aussi que la superficie moyenne par exploitation agricole augmente sensiblement: elle était de 65 hectares en moyenne en 2017, contre 64,4 hectares en 2016. Alors que chez les jeunes, la superficie moyenne n’est que de 37,1 hectares.