Les employeurs agricoles ne le font pas par plaisir. Mais c’est une réalité: l’agriculture est un secteur «à risque» pour ces dépassements des durées maximales du temps de travail. En raison notamment des pics d’activité saisonniers. Pour bien comprendre ce qui se joue, il faut aller au-delà des clichés sur les salariés, leurs patrons et l’administration. Les abus existent, bien sûr, mais la réalité est souvent beaucoup plus complexe.
Côté salariés: « On veut bosser! »
Première particularité du monde agricole, y compris côté salariés: « la valeur « travail » y est très forte », explique une animatrice en charge de l’Emploi au sein d’une fédération de cuma.
« Les salariés veulent « faire des heures », à la fois parce que c’est l’une des facettes valorisées de la compétence dans les métiers de la production agricole. Parce que, qu’ils soient chauffeur ou mécanicien, ils aiment souvent beaucoup leur métier. Et bien sûr, pour augmenter leur rémunération. »
Ce Responsable Salariés, va plus loin. « Si je leur demande de faire strictement leurs heures, ou même de réduire les heures supplémentaires, je risque de perdre mes salariés. Ils me disent très clairement: « je veux bosser! ». Si je ne leur propose pas « assez d’heures », ils vont voir ailleurs, en ETA ou autre. Or, en ces temps de pénurie de main-d’œuvre, chacun d’entre eux est précieux. »
Temps de travail: le risque de perdre des salariés
Ce qui amène Laurent Guernion, éleveur dans l’Ouest et précédemment responsable Emploi à la Fédération régionale des cuma de l’Ouest, à s’interroger. « Dans bien des cas, c’est le nombre d’heures faites qui déterminent le salaire final du salarié. On entend quelquefois que les heures supplémentaires sont devenues un acquis social des salariés de cuma… »
« Je renvoie la question aux personnes dans les délégations employeurs: quel salaire pour quel profil des salariés? Le niveau de rémunération, à terme, doit-il être aussi corrélé aux heures de travail? »
Cela soulève de multiples possibilités, à la fois du côté de la rémunération « de base » des salariés de cuma. Mais aussi en allant explorer les nouveaux types de contrats qui apportent de la souplesse quant à la gestion des heures et aux plafonds légaux… au moins au niveau hebdomadaire.
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