Alain Geffroy, président de la cuma de la Montagne noire, avait jeté des lignes depuis quelque temps pour créer une nouvelle organisation d’ensilage. En outre, il cherchait d’autres groupes pour partager l’ensileuse en intercuma. Une Claas Jaguar 840 équipée d’un pick-up repliable de 5,50m pour ramasser l’herbe, et d’un Kemper 8 rangs pour le maïs.
L’ensilage fait partie des trois activités phares de la cuma, avec l’épandage du fumier (la cuma possède huit épandeurs) et le semis direct (les adhérents se partagent trois semoirs). Toutefois, sur ce secteur d’élevage, «l’ensilage, malheureusement, est depuis quelques années en forte perte de vitesse», explique Alain Geffroy.
«Beaucoup d’éleveurs laitiers ont arrêté, et bien sûr ce sont principalement eux qui faisaient tourner l’ensileuse. Il y a 10 ans, une quinzaine de laitiers adhéraient à nos deux grosses ensileuses, qui faisaient 500ha chacune. Nous n’avons plus que deux laitiers dans notre secteur. L’année dernière, notre ensileuse a fait à peine 250ha». 60% de maïs et 40% en herbe.
Le dernier renouvellement de l’ensileuse, décidé par l’équipe précédente, date de cinq ans. Et la machine est bien dotée en équipements. «Mais avec ce volume, il devenait difficile de maintenir un prix à l’heure attractif», souligne le président qui a dû faire face à une situation aujourd’hui classique dans les secteurs de déprise laitière.
Appel à la coopération
Localement, la plupart des agriculteurs qui arrêtent la production laitière partent en retraite. Par ailleurs, une partie se tourne vers l’élevage en bovin viande. L’agrandissement prévaut. Et les quelques installations en lait sont davantage orientées vers des systèmes privilégiant le pâturage, les petits effectifs et la vente directe.
D’où l’initiative d’Alain Geffroy, appuyé par son vice-président (et cochauffeur, Laurent Ferrer): signaler à la fédération départementale des cuma de l’Aude que la cuma de la Montagne noire est à la recherche d’autres groupes. Finalement, ce n’est pas une, mais deux cuma du Tarn qui répondent à l’appel, elles aussi par l’intermédiaire de leur fédération départementale. Il s’agit des cuma EVG (pour Éleveurs de la vallée du Girou) et Moulin-Mage, près de Lacaune.
Après quelques rencontres, les deux cuma tarnaises décident de revendre leurs machines. Elles adhèrent en prenant des parts sociales à la cuma de la Montagne noire. Laquelle envisage de faire voyager son ensileuse au gré des décalages de maturité.
«L’un des salariés de la cuma EVG, Alexis Lescure-Rous, vient nous prêter main-forte pour l’entretien et la conduite. Cela a été un facteur déterminant dans l’organisation, souligne Alain Geffroy, d’autant plus qu’il connaît bien les adhérentes et les secteurs, il sait quand les chantiers tombent.»
Monsieur Geffroy et le chauffeur de la cuma EVG sont visiblement sur la même longueur d’onde aussi en ce qui concerne l’entretien des machines. «Après chaque chantier, il faut réviser un peu la machine, chaque chauffeur met le temps qu’il faut pour que la machine soit prête pour le lendemain, pour le prochain chauffeur», explique le président, qui fait partie de l’équipe habituelle des chauffeurs de sa cuma.
Partager l’ensileuse en intercuma pour des tarifs maîtrisés
À l’issue de la première campagne d’herbe en intercuma, l’ensileuse a travaillé 130h et couvert 350ha. «Lorsqu’il ne s’agissait que de la cuma de la Montagne noire, nous atteignions péniblement 80h», sourit le président. L’objectif est donc atteint, même s’il faut attendre la fin de la campagne du maïs pour avoir une vision sur une année complète.
Certes, l’ensileuse devrait voyager davantage. Le coût des trajets sera réparti entre tous les adhérents. Alain Geffroy et les responsables ont décidé de maintenir le tarif mais de raccourcir la durée d’amortissement de la machine. Une décision cohérente, qui permet à tous les éleveurs de bénéficier d’une ensileuse bien entretenue, au bon moment et conduite par des chauffeurs efficaces. Le tout à tarif maîtrisé: la cuma ensile à 250€/h rotor pour l’herbe et le maïs, tarif incluant chauffeur, carburant et six bennes (dont trois doubles essieux).
À propos des coûts de chantier d’ensilage: