«Aujourd’hui, on dit qu’on va au bâtiment. Le bâtiment de la cuma des Evoissons est devenu notre point d’attache, et symbolise notre identité», se réjouit Hubert Avet. Toutefois, il préfère prévenir les pressés. «Depuis la création de la cuma en 1982, le matériel était éparpillé chez les adhérents, et il nous a bien fallu quinze ans pour passer de l’idée à sa concrétisation.»
La main à la pâte pour la construction du bâtiment
Tout d’abord, trouver ce terrain d’un hectare s’est révélé très difficile.
«Nous voulions qu’il soit neuf. Ce qui excluait le foncier des adhérents. Ensuite, nous souhaitions qu’il soit situé en zone constructible et assez central pour être accessible pour tous. Une fois acheté, nous avons pris la décision de participer à la construction du bâtiment de 1.500m². Une structure comprenant une partie pour le matériel, un bureau, une salle de réunion, et une aire de lavage.»
Pour les quelques 145 adhérents (environ 50 sections), le projet a représenté un investissement de 300.000€, aménagement compris. Une somme remboursable sur une période de 20 ans.
De la souplesse
En outre, le bâtiment héberge non seulement le matériel de la cuma des Evoissons (récolte pour l’herbe, le maïs, moissonneuse-batteuse, déchaumeur, plateaux, bennes, voiture frigorifique…) avec son atelier de réparation, mais aussi le matériel des adhérents qui le souhaitent.
«En plus du bureau qui occupe une surface de 6m x 6m, nous avons créé au-dessus de l’atelier une salle de 6m x 20m, où tenir notre assemblée générale.»
Le bâtiment de la cuma des Evoissons se fond dans le paysage
Par ailleurs, la haie qui entourait l’ancienne prairie a été préservée. «Nous avions partagé le terrain avec un autre acheteur. En limite, nous avons planté des hêtres, qui ont l’avantage de garder leurs feuilles en hiver.» Pour le projet de bâtiment, l’équipe avait écarté l’option du hangar bas de gamme, et opté pour le béton avec un revêtement en caillou lavé bicolore. Plus cher, il assure une meilleure intégration dans le paysage.
Ensuite, l’évolution pour la cuma a été de pouvoir embaucher deux salariés, dont un mécanicien qui travaille à trois-quart temps. Les chauffeurs, eux, sont des saisonniers. Le fonctionnement reposait jusqu’alors sur le bénévolat: «Dans un premier temps, payer a été très étrange.» Il est désormais question de construire des auvents pour mettre plus de matériel au sec.
«Un jour, le bâtiment sera trop petit», prévoit déjà le président, pour qui se projeter est difficile «du fait des coûts en jeu.» En attendant, la cuma fêtera ses 40 ans sur place! Dans son discours, il devrait redire qu’il faut «bien réfléchir avant de s’engager, et avancer en étant toujours transparent vis-à-vis des adhérents.»
[Bilan] Ce qui a marché / Ce qu’ils changeraient
+ N’avoir rien fait au rabais: ce qu’on a construit a aussi une valeur qui peut s’avérer salutaire en cas de problème. Disposer de «notre maison» est un atout pour impliquer les jeunes, les réunir et insuffler l’esprit de groupe de la cuma.
– «On sait qu’on sera un jour à l’étroit, sans solution pour nous agrandir.» C’est pourquoi les animateurs du réseau préconisent de plus en plus de prévoir un terrain de 2ha plutôt qu’un seul.
Enfin, d’autres exemples de bâtiment en cuma en Hauts-de-France:
Le bâtiment ouvre de nouvelles perspectives collectives.