L’ensileuse en intercuma? C’est possible! Tout d’abord, l’Union des cuma Lapurdi-Ségala est née d’une rencontre. «L’idée vient des aveyronnais. Ils recherchaient des cuma sur le secteur pyrénéen pour monter une union de cuma» se souvient Hervé Damestoy, président de l’Union. «La fdcuma nous a mis en relation. Nous avions les mêmes préoccupations. Des ensileuses à renouveler et des heures à trouver.»
L’ensileuse en intercuma pour conserver l’activité ensilage
A l’époque, Hervé Damestoy était président de la cuma Elgarrekin. «Il y a 20 ans, nous avions pour la cuma 250h d’ensilage de maïs chaque année. Mais petit à petit, l’activité a diminué. Des départs à la retraite, des exploitations en vaches laitières qui arrêtent. Au final, c’est une dizaine d’hectares en moins à chaque fois.
Ainsi, au moment de renouveler notre ensileuse, nous n’avions plus les hectares en face. Si nous n’avions pas franchi ce pas avec l’Union, la cuma serait morte. Mais perdre cette activité ensilage, c’était perdre des adhérents et par ricochet perdre d’autres activités.»
Plus de 600h/an
Les premières années, une seule ensileuse faisait le déplacement au Pays basque. La seconde restait en Aveyron pour une petite activité maïs ensilage. Quelques années après, deux cuma du Pays basque sont rentrées dans l’Union: la cuma Arbela et la cuma Biez-Bat. «Avec ces deux cuma en plus, les hectares ont augmenté et les deux ensileuses faisaient le voyage. En outre, la petite surface de maïs à ensiler dans l’Aveyron était réalisée avec des cuma locales.»
Au plus fort de l’activité, les deux ensileuses réalisaient au total plus de 600h/an qui se partageaient équitablement entre l’herbe au printemps en Aveyron et le maïs en automne au Pays basque. «Quand on se lance dans une aventure comme celle-là, il faut qu’il y ait de la confiance et que tout soit bien carré.»
3.000€ de transport pour l’ensileuse en intercuma
Les deux ensileuses passent l’hiver en Aveyron. Le concessionnaire local réalise l’entretien des machines. Ensuite, les déplacements entre les deux régions sont réalisés par un transporteur pour un coût de 3.000€ par machine pour l’aller-retour.
«Chaque fin d’année nous nous retrouvons à Toulouse. C’est aussi un plaisir de se retrouver pour échanger sur les projets de chacun. Durant cette réunion, chaque cuma fait remonter les heures réalisées pour les deux activités herbe et maïs. Le carburant acheté, les heures de conduite et les éventuelles pièces d’usure remplacées. Nous faisons le point sur les charges fixes et variables pour arriver à un tarif de l’heure rotor unique pour tous. Ainsi, il y a encore 4 ou 5 ans nous avions un tarif de 230€/h Gnr et chauffeur inclus. Mais ce n’est pas la même chose aujourd’hui.»
Une activité en déclin
En effet, que ce soit pour la partie herbe ou la partie maïs, les hectares sont en baisse pour les deux cultures. «Aujourd’hui, nous arrivons à 190h pour le maïs et 210h pour l’herbe» constate Jérôme Gamel, le président de la cuma de Castanet en Aveyron et trésorier de l’Union. «Pour la campagne 2020, une seule machine est allée au Pays basque. Depuis peu, l’AOP Ossau Iraty interdit l’ensilage en brebis laitière. De plus, les départs en retraite s’accélèrent. Pour la partie herbe en Aveyron, ce n’est pas mieux. Il n’y a plus aucun laitier dans l’équipe. Le nombre d’adhérents de plus de 50 ans est important. Les futurs départs en retraite ne vont certainement pas améliorer les choses.»
La conséquence a été une augmentation du tarif qui est à 250€/h tous compris en 2019. «Pour rester à ce tarif, nous jouons sur les durées d’amortissement. Mais il va arriver un moment où des décisions devront être prises.»
Des problèmes qui vont s’amplifier dans les prochaines années
Une des deux ensileuses a déjà 9 ans, «et nous commençons à avoir des frais d’entretien assez élevés. Nous avons un devis pour le renouvellement. Pour une machine similaire avec les équipements herbe et maïs, nous arrivons à 380.000€. Avec une reprise qui serait de 60.000€, cela ne passera pas.» La solution choisie pour du court terme est donc de conserver les deux machines. «Pour faire perdurer cette organisation d’ensileuse en intercuma, il faut trouver d’autres cuma qui adhèreraient à l’Union mais ce n’est pas évident. Pourtant les recherches sont actives. Nous sommes allés jusqu’à Montauban pour rencontrer des cuma qui ont des services ensilage qui deviennent compliqués, mais sans résultat. Du côté Aveyron, il n’y a pas beaucoup d’ouvertures.»
En l’absence d’autres cuma souhaitant rejoindre l’Union, la solution à moyen terme semble être de ne conserver qu’une seule machine. «Le problème est que pour la partie herbe, avec une seule machine on ne passe pas. Prendre une ensileuse plus puissante n’est pas non plus la solution. Il va falloir que nous sollicitions des cuma autour de nous pour voir si elles peuvent nous dépanner quelques jours. Les difficultés de l’activité ensilage reflètent le contexte agricole actuel. Il y a des problèmes de démographie qui vont s’amplifier dans les années à venir, des problèmes de charges et de coûts des matériels qui augmentent avec, en face, des prix de vente de nos productions qui stagnent. On est arrivé à un point où même en cuma, on recherche des matériels d’occasion.»
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