À la base, c’est un déchaumeur que le constructeur de tonnes upgrade (en français, “surclasse”) en enfouisseur. Et à la cuma l’Entraide Servon Brécé, il retrouve aussi sa vocation initiale de travailleur du sol. Dans son projet d’achat, la coopérative avait misé sur 2 000 m3/an d’épandage et elle n’avait pas prévu d’usage supplémentaire. Pourtant le matériel de 6 m de large arrivé au printemps a déjà déchaumé environ 150 ha. Et cela en préparation des semis de couverts après la moisson et même des implantations de céréales après l’ensilage. « Nous avons essayé. Ça a plu. Donc nous allons en faire, résume Simon Chaillou, chauffeur mécanicien de la cuma. Nous avons essayé sur des cannes de maïs grain. Ça a bien mélangé les fanes à la terre, mais l’adhérent aurait visé un peu plus d’enfouissement. »
L’activité déchaumage s’installe
Pour doter sa tonne Typhon 21 d’un enfouisseur, la cuma basée à Servon-sur-Vilaine a étudié deux possibilités. Elle retient celle proposée par le fabricant Mauguin. La certitude d’une parfaite compatibilité avec la remorque a joué. « Il y a aussi que les disques sont plus inclinés et que les paliers sont garantis cinq ans », liste le président Emmanuel Marion.
Monté sur la tonne Mauguin de 2017, l’outil Mandam a déjà caché plus de 6 000 m3 depuis son arrivée en Bretagne au printemps. « On travaille le plus souvent à 7 ou 8 cm et ça remue suffisamment de terre pour enfouir correctement le lisier, relaye le conducteur. À moins d’aller vers des doses de 60 m3/ha, on peut marcher derrière sans se salir les chaussures. » Le président explique : « La première rangée de disques ouvre. La seconde referme. Entre les deux, les descentes déposent le lisier. »
De l’enfouisseur au déchaumeur
En l’attelant directement sur son tracteur de 200 ch, un John Deere 6195 R, la cuma propose à ses adhérents une prestation de déchaumage à 40 €/ha. « Cela nous fait une prestation de semis des couverts au combiné à 80 €/ ha, déchaumage inclus », reprend le salarié. Dans cette configuration d’un simple travail du sol, les disques de 540 mm creusent le plus souvent les 5 à 8 premiers centimètres.
Simon Chaillou souligne la simplicité de ce réglage. « Ce sont des cales à mettre sur l’axe des vérins des roues de jauge. En les enlevant toutes, on pourrait largement descendre à plus de 10 cm, mais on peut très bien travailler aussi à moins de 5 cm, à condition de prendre les parcelles en biais lorsque le sol n’est pas parfaitement nivelé. »
Prochaine étape : l’ajout d’un rouleau ?
Le dirigeant précise la démarche tarifaire. Dans la mesure où l’utilisation en déchaumeur n’était pas prévue, l’idée était déjà d’évaluer si le travail réalisé répond aux attentes techniques des adhérents. L’enjeu était également de ne pas déstabiliser d’autres activités, comme le cover-crop de 4,50 m. La cuma facture ce dernier aux alentours de 13 €/ha. « Comme son débit de chantier est plus élevé du fait des 6 m d’envergure, c’est logique qu’il soit plus cher à l’hectare. » Et le président voit au-delà : si toute la demande se reporte vers un seul outil, l’organisation ira au-devant de soucis de disponibilité.
Maintenant que l’enfouisseur a confirmé sa capacité à servir de déchaumeur, « une option serait d’ajouter un rouleau derrière », observe le chauffeur mécanicien. Ce dernier évalue que l’opération serait « très facile dans le sens où les emplacements pour le fixer sont déjà existants ». Il pointe aussi le tuyau principal d’approvisionnement des descentes : « C’est une pièce assez chère et exposée quand on travaille à vitesse élevée. Il faudrait qu’on ajoute un système pour pouvoir l’enlever au déchaumage. »
L’importance des débits de chantier
L’engin de 6 m déchaume en moyenne 4 ha/h et permet de travailler sur une profondeur très réduite. Et jusqu’à 15 km/h, « on peut faire 6 ha/h », précise Simon Chaillou, le chauffeur mécanicien. Des performances qui expliquent l’intérêt des adhérents.
À l’inverse, en comparaison à la rampe à pendillards de 24 m, les utilisateurs craignaient de « perdre beaucoup en débit de chantier sur l’épandage ». Mais, l’enfouisseur est à 1,78 voyage par heure en moyenne, et dans le meilleur des cas, avec les pendillards, il en aurait fait trois.
À l’épandage, la cuma utilise un tracteur de 260 ch qui a peiné sur les terrains vallonnés avec l’enfouisseur. Dans le cadre de son renouvellement, elle opte pour un John Deere 7290R, avec plus de chevaux et de couple.
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