La cuma de la Jouvine s’est décidée en 2021 à passer le cap de la tonne à lisier avec enfouisseur. Ainsi elle anticipe une évolution des contraintes réglementaires et lève quelques freins techniques. Néanmoins, cette décision n’a pas été simple à prendre. Le groupe du Calvados l’a étudiée sur plusieurs années.
Passage à l’enfouisseur: un manque de puissance sur les exploitations
«Nous nous sommes vite heurtés au problème de manque de puissance sur nos exploitations pour un tel équipement», retrace Maxime Denis, le responsable de l’activité. Grâce à un accompagnement DiNA cuma, ils trouvent une réponse. «Nous avons décidé de passer le cap de la traction à plusieurs. Cela nous permet de limiter nos charges de mécanisation tout en confortant l’achat de la tonne. La démarche fut peut-être longue, mais l’obtention d’une aide PCAE était un point déterminant pour finaliser le projet.»
Malgré un engagement pas forcément très conséquent en termes de volume annuel (12.000m³), le groupe voulait faire le pari de la valorisation de ses effluents. Toujours grâce au DiNA cuma, il a pesé les atouts et limites des différentes possibilités: pendillards, rampe à patins ou enfouisseur? La forte demande sur prairie et les questions de porte à faux ont finalement donné l’avantage à l’enfouisseur à disques de type prairie de la marque Joskin.
La cuma de la Jouvine se donne un an pour prouver aux adhérents les plus sceptiques qu’elle a fait le bon choix. Le groupe, fier de son investissement, a également témoigné lors de la journée «qualité de l’air» à Vire le 15 septembre 2021 ou lors de la dernière réunion de secteur du bocage à Burcy le 10 décembre dernier. La tonne est arrivée depuis 6mois. Déjà, les éleveurs constatent que la qualité d’épandage est sans comparaison avec une tonne à buse palette.
Des aides pour réfléchir et financer
Naturellement, les adhérents de la cuma sont beaucoup plus sereins vis-à-vis de l’augmentation des prix de l’engrais. Pour autant, ils n’estiment pas pouvoir rentabiliser l’ensemble du surcoût d’épandage par la simple économie d’achat d’engrais. Mais l’enfouisseur cache d’autres intérêts. Par exemple, les éleveurs peuvent intervenir, sans générer d’odeurs, juste derrière les pâturages d’automne, et tout le travail est fait en un seul passage. Concernant la conduite, chaque adhérent mène l’ensemble même si certains commencent à demander du chantier complet ! Une réflexion est d’ailleurs en cours pour développer l’intercuma avec une cuma voisine qui a un salarié.
La cuma vient aussi d’acquérir une lame car hors saison, elle se servira de son nouveau tracteur pour tasser des silos ou réaliser du transport ou du travail du sol. Pour pouvoir l’utiliser pour d’autres travaux il est obligatoire d’avoir recours à la tonne de la cuma. Le règlement intérieur de l’activité tracteur rédigé pour l’occasion prévoit en effet que l’engin reste avant tout dédié à l’activité lisier. Mais l’arrivée d’un tracteur de tête est une réelle opportunité vers de nouvelles possibilités pour développer le chantier complet la petite cuma du Bocage virois le prouve une nouvelle fois.
Le service trouve son public
Dans les faits, l’activité sera supérieure de 3.000m³ par rapport aux engagements, mais cette tonne de 18m³ pourrait facilement absorber 20.000m³ par an. La cuma de la Jouvine a conservé son ancien matériel car le montant de la revente aurait été faible et parce que cette seconde tonne rendra service lorsqu’il y aura des pics d’activité.
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