Les tracteurs équipés de planteuses de pommes de terre et outils de travail du sol sillonnent les plaines du Nord en ce mardi 26 avril. C’est le cas pour Nicolas Thiebaux, agriculteur et éleveur de porcs à Elesme, qui plante depuis deux jours ses 18 hectares. Pour faciliter et assurer le chantier de plantation de pommes de terre, le jeune agriculteur peut s’appuyer sur le matériel qu’il possède en cuma et l’entraide des agriculteurs voisins. «Cela fait cinq ans que je produis des pommes de terre. Sans la cuma, je n’aurais pas pu me lancer dans cette nouvelle culture, estime-t-il. J’adhérais déjà à la cuma de la vallée de la Trouille pour le matériel d’élevage. Naturellement, on m’a fait une place.»
En pommes de terre, les producteurs se relayent : entre ceux qui augmentent leur production et peuvent investir dans leur propre matériel et ceux qui se lancent. «J’ai accès à un matériel à la pointe en matière de technologie, reconnaît Nicolas Thiebaux. D’autant plus que leur dimension permet d’avoir un débit de chantier élevé. On a une vraie force de frappe.»
Chantier de plantation de pommes de terre: 2 ha/h
Il faut dire que la cuma de la vallée de la Trouille n’a pas froid aux yeux. En effet, le matériel est au top de la technologie. «Nous possédons cinq tracteurs agricoles. Chacun dispose d’un GPS, explique Christian Lisbet, chauffeur de la planteuse ce jour-là et aussi président de la cuma. Concernant le matériel de pommes de terre, sept agriculteurs se le partagent. Pour la fraiseuse, ils ne sont que trois.»
Quant à la planteuse de pommes de terre, elle est à la pointe. Elle est équipée d’un GPS, d’un fertiliseur localisé, d’une herse rotative et de dents de décompacteur, le travail du sol est assuré même en profondeur. «Avec les deux GPS, le travail se fait presque tout seul, avoue le chauffeur. Je passe un peu de temps à les paramétrer au début de chaque parcelle et ensuite tout roule automatiquement. La planteuse cesse son travail à chaque fin de plaine.»
120 ha chaque année
En plus, si l’agriculteur le souhaite, il peut ajouter de l’engrais de manière localisée grâce au fertiliseur. «On utilise du DAP, un mélange de phosphore et d’ammonitrates. C’est assez riche pour éviter à la plante les stress, mais pas trop pour ne pas bruler le plant.» Le prix de ce joujou âgé de cinq ans: 80.000 euros. Alors forcément, pour le rentabiliser il faut l’utiliser.
Pour la cuma de la vallée de la Trouille, 120 hectares sont plantés chaque année. Avant le début des gros chantiers, que ce soit la récolte ou l’arrachage, les sept agriculteurs se regroupent et réalisent un planning selon les conditions du sol ou de la maturité des pommes de terre. Ensuite, c’est chacun son tour.
Un coût de chantier de plantation de pommes de terre impacté par le prix du GNR
Un chantier de plantation de pommes de terre est toujours coûteux. Notamment par la quantité de travail du sol. Mais cette année, c’est encore davantage. Dans cette période de prix du carburant élevé, les agriculteurs regardent leur consommation. «Pour la planteuse, j’utilise 20l de GNR/ha en moyenne, compte Christian Lisbet. Pour l’utilisation de la fraiseuse, on utilise 39l/h.» Car pour travailler en profondeur le sol il faut de la puissance. En outre, un tracteur de 310ch pour la fraiseuse et 210ch pour la planteuse.
Tout cela c’est sans compter l’engrais que Nicolas Thiebaux a apporté avant la plantation.
«J’ai un élevage de porcs. Donc j’ai la chance d’avoir des effluents qui me permettent de réduire la quantité d’engrais à apporter, reconnaît-t-il. J’ai apporté du fumier après la moisson l’été dernier et il y a quelques semaines, j’ai épandu du lisier que j’aie enfoui tout de suite. Selon mes calculs, je pense avoir économisé 60 unités d’azote/ha, autant en phosphore et en potasse. Ce n’est pas négligeable quand on voit le niveau des prix des intrants.»
C’est ce qui permet à l’agriculteur de rentabiliser un peu mieux sa culture.
18ha sous contrat
«Je vends mes pommes de terre à l’industriel belge Clarebout en départ champs. Il y a un dépôt à 25 kilomètres de chez moi, explique l’agriculteur. Les 18 hectares que j’ai plantés sont sous contrat. C’est à peu près la même surface que j’emblave cette année. Si leurs prix sont à la hausse, les contrats ont été signés avant la guerre en Ukraine et la seconde vague de flambée des prix des matières premières.»
C’était aussi avant la crise porcine qui a fait perdre beaucoup d’argent à cet éleveur. «J’ai la chance d’avoir des cultures qui viennent combler l’atelier d’élevage, estime-t-il. Mais ça ne devrait pas être le cas. Jusqu’à quand je vais pouvoir tenir avec mes 70 truies ?» Pour le moment, il essaye de ne pas trop y penser. La tête est au chantier de plantation de pommes de terre. La parcelle se termine. C’est au tour d’un collègue de la cuma situé à une vingtaine de kilomètres.
Enfin, l’agriculteur précise que cette organisation en cuma permet de bénéficier de chantiers moins onéreux qu’en faisant appel à une ETA. De plus, au delà du coût du chantier de plantation, la cuma apporte de la souplesse et de la disponibilité plus rapide.
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Des barres buttes pour éviter l’érosion
Durant ce chantier se déroulait en parallèle la démonstration d’une planteuse Grimme. Si elle affichait un équipement moins complet que celle de la cuma, elle disposait toutefois d’une spécificité technique. En effet, elle disposait d’un système pour réduire l’érosion: le barre-butte.
Il s’agit d’une dent, ajoutée à une planteuse classique, installée entre chaque cape de butte. En outre, elle vient fissurer l’entre butte à 10cm en dessous du plant de manière désynchronisée. L’objectif: réaliser des mini buttes qui viendront ralentir l’écoulement de l’eau en cas de précipitation.
Enfin, pour cet équipement, il faut compter entre 5.000 et 6.500€ selon les modèles en plus d’une planteuse neuve. Toutefois, des subventions existent afin de démocratiser la technique.