Poussière et climatisation activée, la nouvelle arracheuse de betteraves de la cuma de Belloy-sur-Somme est baptisée dans des conditions encore inédites. «Je n’ai jamais arraché de betteraves aussi tôt et dans la poussière», lance Vincent Lepers, président de la cuma et aussi chauffeur de la machine. Si la sécheresse a avancé la date de maturité des betteraves, ce n’est pas la seule responsable. Les sucreries, notamment Tereos et Cristal Union ont avancé les dates d’ouverture de leurs outils industriels pour assurer leur approvisionnement en énergie et ainsi clôturer la campagne au 1er janvier 2023. Focus sur les premiers arrachages de betteraves de l’année.
Une semaine d’avance pour les arrachages de betteraves 2022
Certains agriculteurs ont donc décidé d’arracher leurs betteraves quelques jours en avance. En contrepartie, les betteraviers sont dédommagés, selon la date, lié à la perte potentielle de rendement.
Ainsi, le mardi 13 septembre au lieu du 19, les premières betteraves ont été transformée chez Tereos. Pour Cristal Union, la campagne a été lancée le 7 septembre avec une semaine d’avance. «Tout cela a été déterminé un peu à la dernière minute. Tout le monde attendait la pluie pour pouvoir mettre les pieds dans les champs.»
Dans la cuma de Belloy-sur-Somme, cette mesure a concerné 18ha. «Cette parcelle devait être arrachée mi-septembre car elle a tendance à être très humide, explique Vincent Lepers. L’avancée du planning a permis à l’agriculteur d’arracher plus précocement. Mais ce n’était pas gagné, il fallait qu’il pleuve pour pouvoir espérer travailler correctement.»
S’il a plu 40 millimètres ces derniers jours, le sol reste tout de même bien sec. «Je n’ai jamais vu de betteraves aussi propres, reconnaît le chauffeur. Les organes de nettoyage sont au ralenti. Cela facilite le travail et limite la consommation de GNR.» La machine avance à une vitesse de 7,5 km/h.
Un coût plus élevé de 25€/ha
Le carburant reste un point d’attention cette année. «Il est difficile pour le moment d’estimer la consommation de l’engin pour cette récolte, avoue le président. Pour le moment, je reste dans une consommation égale à l’année dernière mais avec un prix d’achat du GNR plus élevé. Je pense que le coût du chantier, qui était autour des 200€/ha les années précédentes, va augmenter de 25€/ha cette campagne.»
Ce prix prend en compte l’achat de la machine, mais aussi le carburant utilisé et le chauffeur mis à disposition. Le transport des betteraves jusqu’au silo est à la charge de l’agriculteur.
Le débit de chantier qui avoisine les 1 ha/h est l’une des principales préoccupations du chauffeur. «Pour que la machine soit rentable, il faut qu’elle tourne, précise le président. Il faut des surfaces, peu de trajet entre les parcelles, mais il faut essayer de perdre le moins de temps possible. C’est pour cela que nous avons un chauffeur attitré qui connaît sa machine et qui est capable de la régler rapidement.»
Une intégrale flambant neuve pour les arrachages de betteraves
La grande nouveauté pour la cuma de Belloy-sur-Somme reste l’acquisition de leur nouvelle arracheuse intégrale avec une vingtaine d’adhérents. Cela représente environ 420 hectares de betteraves à arracher. «Nous en avions acheté une en 2017, se souvient Vincent Lepers. Depuis, nous l’avons amortie et usée. Nous étions globalement tous partant pour la renouveler.»
Le choix s’est porté sur la même marque mais avec un modèle mis à jour, la Vervaet Q616. Le bijou est arrivée à la cuma juste à temps, quelques jours avant de début de la campagne.
Pour les adhérents engagés, la qualité d’arrachage des betteraves est primordiale. «En achetant notre matériel, nous avons pour objectif d’arracher les surfaces de tout le monde en temps et en heure dans les meilleures conditions possibles, annonce le président. Pour cela, on n’hésite pas à stopper les chantiers quand il le faut. Nous sommes aussi très attentifs aux tassements du sol.»
C’est aussi pour cette raison que le groupe de betteraviers a choisi le plus petit modèle d’intégrales présentes sur le marché. Celle-ci arrache six rangs, pèse 24 tonnes à vide et possède une trémie de 16 tonnes.
« La betterave j’y crois »
Toutefois, investir dans une arracheuse de betteraves demande un engagement de la part des betteraviers concernant leurs intentions d’emblavements. Dans la conjoncture actuelle, ce n’est pas forcément évident.
«Nous sommes adhérents d’une cuma et de Tereos pour la plupart, nous avons l’esprit coopératif, démontre le président. Bien sûr nous nous sommes posé la question de la rentabilité de cette culture. Mais nous sommes engagés vis-à-vis de notre outil de transformation par des contrats, cela assure toute la filière. Si nous voulons avoir une filière forte et présente sur le terrain, nous en sommes responsables. Il faut faire tourner nos outils. La betterave, j’y crois.»
Pourtant, la récolte ne s’annonce pas aussi florissante que les dernières années. En cause: la sécheresse une fois de plus. «Les betteraves sont petites mais riches, fait remarquer Vincent Lepers. Les conditions d’arrachage créent des coups sur les betteraves. Avec la météo assez chaude, les betteraves ne se conservent pas très bien et noircissent. Heureusement, les enlèvements sont prévus dans les deux prochains jours.»
Les arrachages de betteraves vont pouvoir se poursuivre dans la vallée de la Somme où les plannings ont été revus avec un peu d’avance… sauf si la pluie vient ralentir la cadence.
Enfin, à lire également:
Un robot pour une pulvérisation chirurgicale sur betteraves.
Betteraves contaminées au Marquis: que faire face aux enjeux financiers.