« Nous avons les premiers chiffres: en novembre, c’est moins 46% du chiffre d’affaires aux Etats-Unis (-24% en volume) par rapport à 2018. Les mois de décembre, janvier, seront probablement du même acabit », a annoncé jeudi à l’AFP le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Bernard Farges.
« C’est une taxe des vins français pour compenser une erreur des pays européens qui ont subventionné Airbus. Nous sommes une victime collatérale », a-t-il accusé, jugeant les conséquences « désastreuses ».
Cette taxe de 25% touche essentiellement les vins non pétillants de moins de 14 degrés d’alcool, soit des exportations françaises vers les Etats-Unis représentant un milliard d’euros en 2018, dont 298 millions d’euros à Bordeaux. Au niveau national, une baisse de 15% des volumes vendus aux États-Unis, premier marché d’exportation, et de 21% en valeur a été enregistrée en novembre.
Et la profession s’inquiète aussi des menaces de représailles américaines si la France décidait finalement de taxer les grandes entreprises du numérique à hauteur de 3% de leur chiffre d’affaires.
Paris a décidé pour l’instant de reporter cette mesure mais « c’est un report, ça ne règle en rien ce qui est en cours depuis le 18 octobre. Nous demandons à l’Etat français, qui a fait un choix industriel que nous ne jugeons pas, un fonds de compensation financière pour maintenir le flux commercial », a déclaré M. Farges.
« Les exportateurs doivent baisser de 25% la valeur des produits ou partager la baisse avec leur importateur, certains n’y arrivent pas. C’est un marché qui se ferme et il faudra des années pour le rouvrir », a mis en garde M. Farges, également président de la Cnaoc, qui regroupe les 17 principales régions viticoles françaises à appellation.
Cette confédération, ainsi que la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) ont demandé mercredi à l’Assemblée nationale un soutien financier de 300 millions d’euros.
« Pour soutenir la filière, il est exigé la création d’un fonds de solidarité abondé par l’Etat et l’Union européenne », a aussi exhorté jeudi soir dans un communiqué l’Union viticole de Saône-et-Loire, précisant avoir adressé un courrier en ce sens à leurs parlementaires.
Ils demandent à leurs élus « de monter fortement au créneau sur ce sujet, pour défendre les intérêts vitaux des viticulteurs » alors que le vignoble bourguignon est « très largement dépendant de l’export », ont-ils précisé.
Les représentants de la filière bordelaise ont prévu de rencontrer lundi les députés de Gironde et les présidents de communautés de communes à Bordeaux « pour leur parler de ce sujet, pour mettre la pression sur le gouvernement », selon M. Farges.
Les vins de Bordeaux perdent des marchés depuis 2018 avec une baisse des ventes de 15%, alimentée par des conditions climatiques défavorables, en particulier avec le gel de 2017, un marché chinois, le premier à l’export, en régression et des inquiétudes liées au Brexit.
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