«Les étudiants promis à un bel avenir devraient se tourner vers nous, estime Christophe Jacquot d’Agriviti (Marne). Avec l’électronique embarquée, les applications mobiles, le métier devient motivant dès le niveau BTS. Les fils d’agriculteur nous quittent souvent pour reprendre l’exploitation familiale. Manquer de candidats freine le développement de nos entreprises !»
Confort et émulation
Le secteur ouvre d’autant plus les bras aux candidats que les ateliers sont désormais chauffés, le matériel très performant, et les clients agriculteurs au fait de la technologie. Les métiers anciens évoluent: «Impossible pour un magasinier d’avoir tout en tête comme autrefois, car un nouveau matériel sort tous les 2-3 ans, les produits évoluent vite.» On lui demandera en plus de sortir de l’ombre, «d’être un minimum accueillant, souriant». Le métier de technicien reste le plus recherché. Si l’électronique et l’informatique sont omniprésents sur les engins, «la polyvalence reste la règle, car les concessionnaires peuvent rarement embaucher un technicien très spécialisé. Avec un savoir plus varié, plus éphémère, il est essentiel que le salarié accepte de se former en continu.»
Polyvalent avant tout
Sur l’existence évidente de débouchés, Didier Monique, directeur d’Ouest Remorque, entreprise spécialisée dans le matériel suiveur ou de transport à Isigny-le-Buat (Manche) confirme. «L’enseignement a du mal à recruter les jeunes. La formation de métallier, dont nous avons toujours besoin, a même disparu!» Pour cette fonction comme pour celles «des soudeurs, carrossiers et mécaniciens qui constituent nos équipes, la première qualité attendue est la polyvalence. Il faut avoir de la jugeote, s’adapter, pouvoir passer d’un travail à l’autre.»
Une personne, pas un numéro !
Si la vente en ligne de matériel d’occasion est devenue vitale pour l’entreprise, l’écoute du client reste la première qualité demandée à un commercial. Histoire de remonter les infos, de les utiliser sur le terrain. «Un commercial doit être formé, mais on attend aussi de lui qu’il soit ponctuel, constant, pugnace dans les affaires», insiste Christophe Jacquot.
En échange ? «S’il est bon, il peut très bien gagner sa vie, résume Didier Monique. Nous avons la chance d’évoluer dans des entreprises où le salarié n’est pas un numéro! Nous tentons toujours de concilier impératifs familiaux et travail.» L’esprit d’entreprise ne s’invente pas.
Connecté au jour le jour
«Etre présent sur les réseaux sociaux fait aussi partie de nos métiers», explique Renan Tessoneau, basé à Bordeaux pour le groupement de concessionnaires Terrapole. «Les agriculteurs sont plus isolés qu’avant. En un an, notre compte Facebook a fédéré 5.000 personnes, créé des discussions inimaginables auparavant.» Gérer son ‘‘mur’’ est prenant: «Je consacre entre un quart d’heure et une demi-heure par jour à la page FB. J’y mets tout ce qui part en mailing papier, mais le réseau permet aussi de partager le côté vivant du métier, de créer des liens, d’injecter de l’humain.» Une fois sur le terrain, il a plaisir à partager une démo. Sur un salon, des images et vidéos dont les intéressés se saisissent aussitôt. «Certains constructeurs comme Massey nous poussent à le faire. Mais je mets aussi des infos sans intérêt direct. En retour, nous obtenons des remontées intéressantes. Les gens sont de plus en plus connectés, quel que soit leur âge !»
En pratique
- Formation: bac pro + BTS au minimum et des mentions complémentaires
- Salaire: peu d’infos car peu de transparence…
- Perspectives: les chauffeurs-mécaniciens ont des passerelles avec le BTP (conducteurs de grues, pelleteuses, niveleuses…).
- Métiers d’avenir dans une concession: selon Agricat, le «technicien/mécanicien spécialisé NTIC» (pas encore de formation spécifique). Selon Agiviti, le responsable de base, véritable relais du dirigeant dans les structures en développement.
- Une maxime en concession: «Mieux vaut un savoir-faire moyen, doublé d’un bon savoir-être, que l’inverse», histoire de savoir gérer les tensions…
Transmettre et faire savoir Agricat, concessionnaire John Deere à Agen, s’investit beaucoup pour faire connaître les métiers. L’entreprise est très présente dans les Salons de l’emploi, à travers son partenariat avec l’école d’ingénieur de Purpan, mais aussi au CFA d’Auch. Elle compte actuellement 77 apprentis, véritablement accompagnés, du bac pro au bac+3, et 10 anciens apprentis dans son équipe. «C’est un formidable levier, témoigne Béatrice Gayraud, directrice et responsable RH. Nous aimerions que les autres concessionnaires s’investissent ainsi pour former les salariés de demain».
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