Toute poussiéreuse, rangée dans un coin du bâtiment, la presse John Deere V461R de la cuma de la Vallée de la Trouille passe son hiver en Belgique non loin de la frontière. « Elle n’a pas été nettoyée depuis la fin des travaux en novembre, avoue presque gêné Jean-Marc Ruykens, responsable des presses de la cuma. On préfère la nettoyer et la graisser avant de l’utiliser car on ne sait jamais si elle sera assez sèche pour passer l’hiver sans rouiller. » Car cette presse à balles rondes est celle principalement utilisée par les membres de la cuma. Sur les 8 000 ballots pressés par an, les deux tiers sortent de la V461R. Le reste est pour la seconde machine, plus âgée de cinq ans.
Reprise trop faible
« Nous avons deux presses John Deere à déchargement rapide pour une quinzaine d’adhérents, annonce le responsable. La plus âgée date de 2014, c’est une 990, et l’autre, la V461 R, a été achetée en 2019. » Uniquement des John Deere, pour plus de commodité mais également parce que le concessionnaire est proche.
Le groupe a réalisé cet achat suite à un incendie. Auparavant, ils étaient équipés de deux 990. L’une a été remplacée en 2019 par la V461R, achetée 54 000 €. Un choix qui s’est avéré judicieux. En effet, lorsque la cuma a voulu renouveler la deuxième 990, les calculs ont montré que le prix de reprise n’était pas assez élevé. « Depuis, nous avons décidé de la conserver mais aussi de la ménager. Elle n’intervient que lorsque les fenêtres de récolte sont trop étroites. » Ou lorsque la deuxième machine est en panne, comme en 2020.
Optimiser le chantier avec les 2 presses John Deere
« Avec nos 8 000 ballots par an, une presse ça ne serait pas suffisant, deux c’est de trop, estime Jean-Marc Ruykens. Mais grâce aux deux machines nous avons un débit de chantier plutôt correct, avec 4 à 5 ha/h. L’idée est de passer le moins de temps possible sur ce type de chantier. » Si bien que les presses peuvent aller jusqu’à 20 km/h lorsque la parcelle est grande et plate.
Pour gagner en débit de chantier, la cuma fait appel à deux chauffeurs. « Ils savent conduire les machines depuis longtemps, les régler et les entretenir, fait remarquer l’agriculteur. Ils connaissent également les parcelles des adhérents. » Cela facilite l’organisation des chantiers. Selon les besoins des 14 adhérents à l’activité, le responsable des machines, Jean-Marc Ruykens organise la tournée. Si l’une des parcelles est sur son chemin, le chauffeur n’hésite pas à s’y arrêter. Le but étant de perdre le moins de temps sur la route.
Pour la prestation, les chauffeurs utilisent les tracteurs de la cuma, de la même marque. Pour apporter suffisamment de matière à la presse, l’agriculteur estime qu’il faut compter au moins 190 ch. Eux, utilisent des tracteurs de 215 ch pour ces chantiers. Ce sont aussi les chauffeurs qui s’occupent de graisser et de dépoussiérer les presses au quotidien. Mais aussi de les régler.
Filet plutôt que ficelle
Toutes les tailles de ballots sont permises pourvu qu’ils soient denses quelle que soit la marchandise. Foin, paille et préfanés pour les enrubannages sont pressés par les deux machines avec une majorité de paille (les trois quarts des volumes). De 1,60 à 1,80 m pour la paille, de 1,50 à 1,60 m pour le foin et de 1,30 à 1,40 m pour les préfanés.
« Nous essayons de presser des balles denses, pour qu’elles se conservent mieux, qu’elles prennent le moins de place possible mais aussi pour accélérer le ramassage », précise l’agriculteur. Sur ce chantier, ce sont les agriculteurs qui s’organisent seuls pour le faire. Ils peuvent compter sur le matériel de la cuma avec entre autres, le télescopique les plateaux.
Les deux machines sont également toutes les deux équipées de hacheurs. « Nous avons des couteaux que nous pouvons ajouter sur les presses, mais nous ne les utilisons quasiment jamais, avoue le responsable des deux presses. Il faut affûter les couteaux et cela réduit le débit des chantiers. »
En plus de la main-d’œuvre comprise dans la prestation, les filets sont fournis. « Avant, nous avions des presses équipées de ficelles, mais nous avons remarqué que le temps de fabrication d’un ballot était plus élevé avec ce type de liage, explique Jean-Marc Ruykens. Avec des filets, en trois tours, le ballot est sorti. Alors qu’avec des ficelles, il faut compter au moins 15 tours. En plus du temps perdu, cela use davantage la presse. » Pour perdre le moins de temps possible, les presses sont équipées d’une toile à la place de la porte en tôle traditionnelle.
Des chantiers de pressage compétitifs
Des petits détails qui rendent les chantiers de pressage compétitifs. « En 2021, nous avons facturé 4 €/balle, calcule l’agriculteur. Cette année, nous avons dû augmenter le prix et passer à 5 €. Avec la sécheresse, il y a eu moins de fourrages à presser et nous avons dû réaliser des gros entretiens sur les deux presses, avec un total de 13 000 euros. Mais surtout, ce sont les hausses des prix du carburant et des filets que nous avons répercutées. » Sur un ballot, il faut compter cette année, 0,50 € pour le GNR et 0,75 € pour le filet, même acheté en grosse quantité par la cuma.
Un prix qui semble correct pour cet agriculteur qui reste satisfait de l’organisation de chantier. « Nos bottes de paille ou de fourrage sont beaucoup plus denses. À la tonne, nos prix sont très corrects. » Outre l’aspect financier, c’est avant tout la réactivité, nécessaire dans cette région, qui est le point fort de cette organisation.
Deux presses John Deere pour 80 à 100 ha/jour
« Avec notre deuxième presse, nous pouvons être beaucoup plus réactifs pour satisfaire les besoins des adhérents, signale Jean-Marc Ruykens. Nous pouvons apporter des services supplémentaires. En cinq jours, nous pouvons presser toutes les surfaces avec un débit de 80 à 100 ha/jour. Avec les deux presses, on rattrape vite un retard s’il y en a. » Comme en 2021, où il n’y a eu que deux grosses journées pour presser.
D’où l’intérêt d’avoir une presse robuste et performante. « C’est aussi la contrepartie de partager du matériel », reconnaît l’agriculteur. Pour le moment, pas de renouvellement de presse prévu, les valeurs résiduelles n’étant pas assez chères et les taux d’intérêt trop élevés. « Quand il y aura trop de frais d’entretien ou trop de pannes, nous y réfléchirons, lance-t-il. Pour le moment, on reste prudent ! »
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