C’est dans ses préparatifs pour l’ensilage de maïs prévu le lendemain qu’Henri Allard, président de la cuma Rénovation Livradois-Forez, nous explique la stratégie que le groupe d’éleveurs a adoptée à Sauvessanges dans le Puy-de-Dôme, pour s’équiper en ensileuses. «Dans notre région, lorsque l’herbe est prête à être ensilée, nous avons une fenêtre de tir très réduite. En deux jours, la qualité peut être dégradée, surtout au printemps. Il y a aussi beaucoup d’éleveurs laitiers qui imposent d’avoir une qualité d’herbe irréprochable.» Pour assurer cette réactivité nécessaire à la quarantaine d’adhérents engagés, la cuma a acquis 6 ensileuses.
2ha/h en herbe et 1,5ha/h en maïs
Ainsi «tout le monde peut récolter son herbe en temps et heure» et l’organisation reste flexible. On récolte chaque année 1.500ha d’herbe en deux coupes après une fauche et 450ha de maïs. «Si nous n’avions que le maïs à ensiler, trois machines suffiraient, avance le président, surtout que la fenêtre d’action est moins réduite pour ce type de fourrage.»
Les parcellaires des montagnes d’Auvergne et la météo changeante demandent également de la réactivité. «Entre les parcelles, il y a plus de 500m de dénivelés, explique Henri Allard. Il y a quelques années, nous avions trois semaines de différence entre les stades de développement de nos cultures. Avec le changement climatique, il n’existe quasiment plus. Cela renforce notre besoin en réactivité.»
Les débits de chantiers sont de 2ha/h en herbe et 1,5ha/h en maïs. Pour le président, rien ne sert d’avoir des plus grosses ensileuses. «Notre parcellaire limite ce débit. Et puis, il faut que le transport suive, les parcelles sont souvent à 5km autour de l’exploitation. Dans des routes de montagne, on ne va pas très vite.»
Pour acheter 6 ensileuses, la stratégie d’achat d’engins à faible puissance et d’occasion s’est imposée au groupe. «Notre budget d’achat des ensileuses ne peut pas dépasser 100.000€, sans quoi, nous ne sommes plus rentables», estime le responsable de la cuma Rénovation Livradois-Forez.
6 ensileuses achetées d’occasion
Le groupe d’Auvergnats possède 6 ensileuses John Deere, de 350 à 450ch: trois 7350, une 7450, une 6750 et une 6850. Equipées de pick-up pour ramasser l’herbe et de becs à maïs, pour quatre d’entre-elles. Toutes d’occasion avec moins de 1.500h au compteur du rotor, soit 2.000h au moteur. La plus vieille a deux ans et la plus jeune en a dix, achetée en 2020. Pour les choisir, quelques adhérents de la cuma partent dans d’autres régions françaises à la recherche de leur bonheur. «On en trouve souvent en Bretagne ou en Normandie, constate Henri Allard. Mais c’est compliqué de trouver des ensileuses adaptées à notre terrain et nos parcellaires.»
Cette stratégie ne tient pas sans une certaine organisation. Il faut avant tout avoir des chauffeurs disponibles. «Nous avons décidé de proposer une prestation de services avec chauffeur compris, précise Henri Allard. La cuma embauche donc des saisonniers, pour le moment, nous n’avons pas rencontré de difficultés sur ce point. Deux prestataires de services viennent assurer la conduite et un chauffeur mécanicien.»
40.000€/an pour la maintenance des 6 ensileuses
Ce dernier assure la maintenance des machines, primordiale dans cette configuration. «Il ne faut pas avoir peur d’avoir des pannes quand on a du matériel aussi vieux, souligne l’éleveur. C’est aussi le chauffeur qui réalise tous les travaux de maintenance et d’hivernage.» C’est également pour cela que la cuma possède une seule marque d’ensileuse. «Le mécanicien les connaît par cœur maintenant. C’est aussi plus facile à gérer les stocks de pièces détachées.»
Acquis par la cuma il y a une trentaine d’années, un bâtiment abrite l’atelier et les six ensileuses. Pour assurer le chantier, une ensileuse reste au bâtiment. «C’est une sorte de mulet, ajoute le président. On s’en sert lorsqu’une panne dure un peu trop longtemps ou lorsqu’il manque une pièce.» En moyenne le groupe d’agriculteurs consacre 40.000€ de son budget annuel à la maintenance de son parc d’ensileuses, hors coût de main-d’œuvre. «Nous n’avons jamais eu de grosses pannes de plus de 4.000€ qui pourraient nous contrarier dans notre organisation et le renouvellement des machines», reconnaît Henri Allard.
Le GNR fait monter le prix de la prestation
L’organisation des chantiers est quant à elle bien rodée. «Nous assurons la prestation des ensilages d’herbe, en deux coupes par an et de maïs, annonce le président. Cette année, nous proposons un prix à 92€/ha pour l’herbe et 125€/ha pour le maïs. Nous avons dû revoir nos tarifs avec la hausse du prix du GNR. Pour le reste, le transport de l’ensilage ou le tassement des silos est à la charge et à l’organisation de l’éleveur.»
Le planning s’établit en fonction des demandes des éleveurs et selon la localisation, le type de sol et la météo. Cette année, les Auvergnats s’apprêtent à ensiler leur maïs avec un mois d’avance et un rendement très incertain.
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