Quel sont exactement les dégâts de la sécheresse? C’est encore un peu tôt pour avoir un bilan complet. Mais à Rennes où Marc Fesneau est venu inaugurer le Space 2022, ce sujet était dans tous les esprits. La région Ouest en effet, n’a pas été épargnée. Les Pays de Loire ont fait face à de nombreuses restrictions d’irrigation selon les Chambres d’agriculture dans une note publiée au 1er septembre. En Normandie, région habituellement pluvieuse, on observe un impact sur le remplissage du maïs grain. Et des chantiers d’ensilage de maïs sont avancés de plusieurs semaines. En Bretagne, on s’attend à une prévision de 50% de collecte de maïs grain par rapport à l’an passé. Même la production d’eau potable est sous tension…
Interdiction des fourrages dans les méthaniseurs?
Dans ce contexte, le Ministre était très attendu car les trésoreries des éleveurs risquent bientôt elles aussi d’être à sec… Marc Fesneau a annoncé différentes mesures applicables prochainement. Ainsi, les conditions d’indemnisation prévues dans le cadre du fonds de calamités agricoles seront assouplies. Le taux minimal des pertes de produit brut requis pour être indemnisé passe à 11% (contre 13%). Le 22 août, il avait déjà annoncé des exonérations de la taxe foncière ciblées sur les zones géographiques confrontées à des pertes importantes. Ainsi que des exonérations de cotisations sociales.
Certaines organisations comme la Confédération Paysanne réclame davantage avec la mise en place: « d’une aide d’urgence forfaitaire à l’actif… qui ne soit pas fonction du volume de production ou du chiffre d’affaires, mais qui aille directement aux actifs, pour aider en urgence les paysans les plus en difficultés ».
Autre mesure demandée par le syndicat: « l’interdiction immédiate du fourrage dans les méthaniseurs: sachant qu’il est déjà très difficile de nourrir les animaux. Cela va de pair avec un encadrement du prix des fourrages ».
Sécheresse et changement climatique: agir sur le fond
Sur le stand « Espace pour demain », les organisateurs ont mis la question du climat au cœur de cette 36ème édition. «L’urgence à trouver des pistes d’amélioration, voire de solutions, nous est collectivement clairement signifiée». Les systèmes d’exploitations sont en effet plus ou moins résilients au manque d’eau conjugué aux pics de chaleur observés ces dernières années. Cette préoccupation rejoint aussi la demande de la société qui veut lutter davantage contre le réchauffement climatique. Rappelons à cet égard l’objectif de neutralité carbone en 2050. Un défi pour l’agriculture qui représente 19% des émissions de gaz à effet de serre.
«Nous ne pouvions pas aborder ce thème du climat sans traiter de celui des énergies puisque les deux sujets sont étroitement liés» affirment les organisateurs qui ont chiffré l’enjeu économique pour les agriculteurs. « Le 7 mars dernier, le marché du gaz a atteint 224,6€/MWh et le prix de l’électricité 540€/MWh avant de refluer. Pour mémoire, les prix de ces deux sources d’énergie s’établissaient en 2021, à respectivement 46€/MWh et 109€/MWh. Pour la production de lait par exemple, la hausse du coût énergétique représente de 15 à 61€ pour 1.000 litres ».
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