La nourrice et les compteurs témoignent de ce qu’un éleveur peut faire simplement pour améliorer ses pratiques au regard du climat. Le 30 août, les organisateurs du Space proposaient une visite d’élevage à l’occasion d’une conférence de presse de présentation du crû 2022. Pour cette édition, ils souhaitent parler de réduction de l’impact climatique de l’élevage. À moins de trois kilomètres à vol d’oiseau des portes du parc des expositions de Rennes, ils trouvent donc au gaec Dyna’milk multitude d’actions concrètes.
Des économies de carbone rentables économiquement
L’itinéraire de visite passe par la laiterie de la ferme. Ici le chauffe-eau solaire fournit l’eau de lavage à la salle de traite. Pour le matin et en hiver, la fourniture d’électricité reste nécessaire sur ce poste. Néanmoins l’installation divise par deux ce besoin en énergie achetée. Juste à côté trône le tank. S’y greffe un récupérateur de la chaleur fatale du compresseur. Le dispositif sert à chauffer à 90°C l’eau stockée pour le lavage de la cuve.
Le représentant du gaec évoque ensuite la réduction de l’âge au premier vêlage (de 28 à 24 mois), la méthanisation ou encore l’évolution vers plus de pâturage… «À chaque fois qu’on réalise des économies de carbone, c’est rentable aussi sur le plan économique», résume Romain Marqué.
À lire aussi: Energies renouvelables, une rentabilité sur mesure.
La ferme évolue vers la salle de traite
Depuis quatre ans il constitue le gaec Dyna’milk avec ses parents (Catherine et Pierre), et Pierrick Dupont, un voisin. Entre temps, l’élevage familial de 70 laitières a grandi. Il s’est séparé de la stalle robotisée pour évoluer vers la salle de traite et un système fourrager plus centré sur l’herbe, avec un pâturage tournant dynamique.
Romain Marqué justifie le changement de système de traite. «C’est un choix social et économique à la fois.» Avec 140 vaches, un second robot aurait été nécessaire. «Donc ça signifier d’avoir un neuf et un ancien. Ou alors changer l’ancien en plus… mais l’investissement devenait alors trop lourd. Aujourd’hui, l’élevage n’est plus dépendant de compétences techniques. C’est plus facile pour se faire remplacer.» Il constate aussi que la facture d’électricité a maigri, en précisant toutefois que le système de traite n’est pas le seul élément qui joue. «Nous étions aussi avec un équipement du début des années 2010», sans doute plus énergivore que des systèmes de nouvelle génération.
L’élevage à la ferme, les travaux des champs à la cuma
Le plancher mobile de la fosse, le taxi-lait ou la barrière poussante et raclante dans le parc d’attente… traduisent les objectifs de l’entreprise qui concentre ses investissements sur l’efficacité de l’élevage et le confort du travail autour des animaux. Cette politique est aussi possible parce qu’il y a la cuma. Car l’ancien banquier conforte la stratégie de délégation des investissements et des travaux à la cuma du Progrès. Celle-ci a d’ailleurs fortement développé son équipe et son parc de matériels ces dernières années. «Les investissements à la cuma font qu’aujourd’hui, ça me coûte plus cher de monter sur mon tracteur plutôt que de faire faire ce boulot.» Ainsi les outils de l’élevage sont ici, tous les autres matériels à la cuma.
Réduction de l’impact climatique de l’élevage: la méthanisation apporte sa pierre
À quelques hectomètres de la stabulation, un site de méthanisation collective s’est mis en route récemment. Le gaec y est impliqué. C’est là, selon Romain Marqué, un autre projet territorial qui aura «resserré le tissu agricole local.» Pour l’élevage, cet atelier collectif est une source de revenu. Il est en même temps un atout précieux dans la meilleure maîtrise des flux de carbone et l’atteinte des objectifs du label correspondant. Contre une vingtaine de tonnes par an auparavant, «nous n’avons acheté que quatre tonnes d’ammonitrate l’an dernier. Et c’était suffisant.»
À lire aussi: La méthanisation, l’énergie des collectifs!
L’engagement dans une démarche bas carbone s’accorde donc plutôt très bien avec la trajectoire qu’a pris l’exploitation, à coup de choix techniques et d’investissements. Par rapport au système précédent plus hors-sol, maximiser le pâturage implique moins de récoltes mécanisées, donc moins de consommation de carburant. «Mais pour accéder sereinement aux paddocks, il faut des bons chemins, avec les bons cailloux. Ici, pour 300m aménagés c’est déjà 15.000€ d’investissement.»
Efforts ciblés pour la réduction de l’impact climatique de l’élevage
Pour son eau, l’élevage dispose de son propre forage. Quand Romain Marqué présente le réseau d’alimentation de la ressource indispensable, il affirme avoir réduit «de 7 ou 8m3/j» la consommation d’eau de son élevage.» Grâce à un système de nourrice et de compteurs et pour quelques centaines d’euros et de l’auto-construction, les fuites n’ont pas le loisir de s’installer. Un contrôle automatique s’effectue régulièrement. «Je suis alerté si une consommation anormale est détectée. Et je sais dans quelle zone se situe le problème.»
Sans doute l’installation a évité à l’exploitation d’envisager de doubler sa capacité d’alimentation en eau. L’orateur se souvient: «Ma première satisfaction à l’époque c’était que ça limitait de fait la consommation d’électricité du forage.» Mais ça, c’était avant que limiter sa consommation d’eau en elle-même soit devenu un enjeu aussi fort qu’il ne l’est depuis l’été 2022.
Enfin, retrouvez tous les temps forts et informations concernant le salon dans notre dossier spécial Space 2022.