Les haies constituent un élément précieux du patrimoine, dont les raisons d’être sont multiples: paysagère, environnementale, hydrique, agronomique, abris naturels pour les bêtes… Pourtant, leur entretien est souvent vécu comme une contrainte par les agriculteurs. Le déchiquetage du bois issu de ces haies, sous formes de plaquettes utilisées principalement pour des chaudières collectives, offre justement un débouché.
Viser la rentabilité
Nicolas Hasard est co-gérant de la Scic Bois Energie 44 (Loire-Atlantique) qui fédère plusieurs acteurs producteurs et consommateurs de plaquettes (organismes agricoles, collectivités, producteurs, acheteurs…). Il atteste des perspectives de rentabilité pour les apporteurs de bois déchiqueté, dans la mesure où l’exploitation des chantiers est suffisamment structurée.
Aujourd’hui, la production de plaquettes peut être entièrement mécanisée. Sur les exploitations concernées, le déchiquetage est assuré avec la déchiqueteuse de la cuma Défis ou d’autres prestataires départementaux. Même l’abattage peut désormais être mécanisé via des pelleteuses sur chenilles munies de grappins coupeurs. Ce qui allège considérablement le temps à consacrer et le labeur. «Actuellement, nous payons 57€/t verte livrée, indique Nicolas Hasard. Un tarif susceptible de couvrir à la fois les coûts des matériels et la main d’œuvre correspondant à l’abattage, au débardage, au déchiquetage et au transport vers la plateforme de stockage.» Pour les acheteurs membres de la Scic, essentiellement des collectivités locales dotées de chaudières collectives de petites ou moyennes puissances, le prix, même s’il est déterminant, n’est pas le seul facteur pris en compte. Le respect des bonnes pratiques de gestion des haies sur leur territoire, la qualité des plaquettes fournies et la garantie d’un approvisionnement local et régulier, entrent aussi en jeu.
Gérer dans la durée
La priorité des responsables de la Scic est en effet d’encourager une gestion durable des haies. Sur 2000t de plaquettes commercialisées en 2014-2015 par la Scic, 810t sont issues de haies provenant de 25 exploitations. Le diamètre des bois déchiquetés va de 15 à 60cm. Cette production passe par la mise en oeuvre de plans de gestion bocagers proposés aux exploitations intéressées. Déroulement: un technicien (Chambre d’agriculture ou Civam) passe en revue tous les linéaires de haies des exploitations intéressées. Il évalue les ressources exploitables et propose ensuite un plan pluriannuel d’exploitation. Sur le territoire d’Erdre-et-Gervre au nord de Nantes, la communauté de communes propose aussi des visites de pré-marquage lors de la première année de livraison.
Pour Lydia Boudon, animatrice à l’Union des cuma des Pays de Loire en charge de ce dossier: «La pérennité de la filière bois-énergie est d’abord liée à la capacité des différents opérateurs impliqués, à garantir sur la durée des prestations de qualité à des tarifs corrects.» Cela permettra de fidéliser les producteurs de plaquettes, même si les prix d’achat pratiqués par la Scic peuvent être légèrement supérieurs aux prix proposés dans les départements voisins.
Coût de revient des plaquettes
Répartition moyenne des coûts de production du bois déchiqueté (rémunération de la main d'œuvre à 20€/h) Abattage manuel ou mécanisé 46% L'abattage est actuellement l'étape la plus sensible, on observe des coûts allant du simple au triple. Les facteurs déterminants étant le type d'abattage: manuel ou mécanisé et le rendement de chantier dans le cas d'un grappin-coupeur. Débardage ou recépage 23% Le débardage est nécessaire dans le cas des exploitations manuelles. Dans le cas d'une exploitation mécanique, il sera remplacé par le recépage. Déchiquetage 16% Le déchiquetage est, aujourd'hui, l'étape la plus sécurisée économiquement, grâce à 15ans d'expérience du réseau cuma. Les exploitants qui suivent les préconisations et sont intégrés dans une démarche collective observent un coût de déchiquetage entre 18 et 20€/t verte. Transport 15% La distance moyenne dans l'échantillon observé est de 20km aller-retour. |