Les échantillons de terre arrivent par dizaines dans les laboratoires en ce début d’année. «Les agriculteurs mesurent les reliquats azotés en sortie d’hiver. Ces prélèvements se pratiquent entre le 15 janvier et le 10 février», explique Sébastien Piaud, chargé de mission agronomie-grandes cultures, à la chambre d’agriculture de Seine-et-Marne.
En zone vulnérable, c’est d’ailleurs une obligation. Dans ce département francilien, au moins deux reliquats par an doivent être réalisés par exploitation. Il faut en réaliser deux supplémentaires en zones d’actions renforcées.
Au-delà de la contrainte réglementaire, les analyses de sol ont un intérêt agronomique. «Ces prélèvements sont à la base du raisonnement de la fertilisation azotée», observe Sébastien Piaud. A condition qu’ils soient réalisés dans de bonnes conditions.
Reliquat d’ #azote pour fertiliser à la bonne dose #agriculture #environnement #économie #précision pic.twitter.com/Mkc2drnOvp
— Landry Perrocheau (@LandryPerrochea) 25 Janvier 2016
Sur la profondeur exploitable par les racines
«Selon les types de sol et leur profondeur, les prélèvements peuvent aller jusqu’à 90cm voire parfois 120cm, c’est-à-dire sur la profondeur exploitable par les racines pour une céréale. L’agriculteur doit avoir en tête que les 300 grammes qui vont être envoyés au labo représentent 10 ou 15 ha ! Il est donc hors de question de réaliser trois carottages au hasard. Nous préconisons de choisir une zone homogène et de pratiquer au moins 12 prélèvements par parcelle. Pour l’horizon 60-90 cm, 8 prélèvements suffisent, car il y a moins de variabilité en profondeur», poursuit le spécialiste. Si la parcelle reçoit des apports organiques, le nombre de carrotages doit être revu à la hausse, car cela entraîne une plus grande irrégularité des parcelles.
Il faut aussi veiller à bien mélanger les différents prélèvements d’un même horizon pour constituer un échantillon homogène de 300 grammes.
Déléguer ou faire soi-même ?
Réaliser ses propres carottages ou faire appel à une entreprise? Le choix est libre, selon Sébastien Piaud, qui conseille seulement de «rester attentif à la qualité du prélèvement». Certaines cuma ont investi dans une tarière sur un quad. De quoi faire gagner du temps aux exploitants.
Cette après midi c’était prélèvements des reliquats avec le quad de la #CUMA !! pic.twitter.com/1CsV9DGrKC
— Gilles vk (@gilles_vk) 13 Janvier 2016
«Nous conseillons de mesurer un reliquat par situation, en prenant en compte le type de sol et le précédent». Une remarque particulièrement pertinente cette année : «Cet hiver, les températures ont été douces et il n’a pas beaucoup plu. On s’attend à de fortes variabilités entre les reliquats!»
L’étape suivante consiste à respecter la chaîne du froid. Un échantillon qui reste dans un seau à l’air libre quelques jours va continuer sa minéralisation. Les résultats seront donc faussés. Placer l’échantillon au congélateur rapidement après le prélèvement et en attendant l’envoi au laboratoire est gage de fiabilité.
Le labo plus fiable que la bandelette
C’est ensuite au laboratoire de prendre la main. «Je déconseille d’avoir recours aux bandelettes pour analyser soi-même le sol. Elles ne sont pas assez précises». Une fois les résultats reçus, tout l’enjeu sera de les interpréter pour bâtir sa stratégie de fertilisation. «Parfois, des résultats sont hors norme, il faut les écarter. Il est aussi illusoire d’en tirer des conclusions à l’unité près. Il faut savoir prendre du recul en réalisant son plan prévisionnel de fumure.» Malgré tout, le conseiller à la chambre d’agriculture en est convaincu: «La mesure du reliquat, c’est un outil qui tient la route !»