Le gel déchaîne les éléments

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Le gel déchaîne les éléments

Avec le câble à leds infrarouges (comme chez Frolight Systems), la promesse est la protection des bourgeons du gel jusqu’à -6°C. (© Frolight Systems)

Le feu, le vent ou encore l'eau : les éléments sont mis à contribution dans la lutte contre le gel. Les innovations pour l'arboriculture et la viticulture se font multiples. Jusqu’à la mise à l’abri. 

Face à de multiples contraintes, les entreprises de solutions de lutte contre le gel printanier s’adaptent et innovent. Enjeu organisationnel, énergétique ou de voisinage, les matériels évoluent.

Solutions de lutte contre le gel : câbles et fils chauffants au service des vignes

Chaud devant, avec les câbles et fils chauffants. Au plus près des beaux yeux de la vigne, ceux-là courent le long des baguettes. Les concepts électriques sont variés. Il y a les câbles à puissance constante – Vineyard Protect de Danfoss, Dynavigne d’Acso – ou des autorégulants comme AnKhiale chez SCDC.

Une autre innovation est le câble à leds infrarouges. On la trouve chez Frolight Systems. Ressemblant à des guirlandes, les Leds infrarouges disposées le long du fil réchauffent l’air dans un rayon de 15 à 20 cm. La promesse est de protéger les bourgeons du gel jusqu’à – 6 °C. Le système s’allume automatiquement à une température prédéfinie.

De manière générale, il faut enterrer le réseau ou faire en sorte de pouvoir débrancher les lignes. Les câbles de Frolight se déposent et se rangent une fois la période de risque passée. Quant à la fourniture d’électricité, elle se fera directement depuis le réseau à proximité, ou par un groupe électrogène. Comptez en moyenne une mise de 30 000 €/ha min le réseau de câbles ou fils en vigne semi-large. Mais à environ 1 €/m, ce sera bien plus cher en vigne étroite.

Plus de pales et un air chaud

Contraintes de voisinage ensuite. Les tours antigel évoluent vers un nombre plus élevé de pales pour diminuer leur bruit et se faire accepter. Qu’il s’agisse d’Orchard Rite, Frost Fans, Frostboss ou encore Aria, la plupart des fabricants proposent des modules à 3, 4, voire 5 pales. On assiste aussi à un développement de solutions mobiles, notamment pour respecter les exigences paysagères ou pour des questions de praticité. C’est par exemple le cas de Denper et sa DS Eole qui bénéficie d’une voie variable. « Elle peut être installée en 10 minutes. Son hélice tripale génère un vortex d’aspiration puissant, pouvant protéger jusqu’à 4,5 hectares avec une goulotte dirigée ».

Ventigel V4 s’adapte désormais aux besoins des arboriculteurs. La tour plus puissante bénéficie d’un point de chauffe revu. « Le Ventigel V4 permet d’assécher la végétation avec un puissant jet d’air pulsé par un ventilateur de 11 kW avec un débit de 60.000 m³/h », décrit l’entreprise.

Lorsque les températures continuent à baisser, deux chauffages peuvent être mis en route. Ce sont des modèles Diemo de 110 kW embarqués dont le flux d’air est injecté dans le ventilateur. La tour Ventigel se déplace attelée au relevage arrière du tracteur. Elle dispose d’un mat télescopique jusqu’à une hauteur de 5m ». Côté surfaces couvertes, le fabricant indique une protection de 2 à 3 ha.

Des canons à air chaud ont aussi fait leur apparition. Chez Paetzold équipement, le modèle R-Can 1.8 est capable de diffuser un flux d’air chaud poussé. La machine, mobile, pivote à 360°. Et peut protéger jusqu’à 15 ha pendant plusieurs heures.

Des canons à air chaud ont aussi fait leur apparition. Chez Paetzold équipement, le modèle R-Can 1.8 est capable de diffuser un flux d’air chaud poussé. La machine, mobile, pivote à 360°. Et peut protéger jusqu’à 15 ha pendant plusieurs heures. (©Mickael Paetzold)

Canons à air chaud et chaufferettes pour lutter contre le gel

Et aux grands maux, les grands moyens. Des canons à air chaud ont aussi fait leur apparition. Tel le modèle R-Can 1.8 de Paetzold Equipement. Cette machine mobile est capable de diffuser un flux d’air chaud poussé et elle pivote à 360 degrés. Elle peut protéger jusqu’à 15 ha pendant plusieurs heures. Il en coûte dans les 150 000€.

Mais l’alternative qui se répand est de disposer des chaufferettes bois. Il faut en disposer plusieurs centaines à l’ha. Un exemple parmi d’autres, Brasero-Protect de Buds Guard, chauffe jusqu’à 5h avec 5 kg de bois. L’entreprise garantit des résultats jusqu’à -3°C. À raison de 350 unités par hectare, l’investissement s’élève à environ 60 000€.

L’aspersion revoit sa consommation d’eau

Parmi les solutions de lutte contre le gel, il y a les asperseurs antigel. Ils évoluent vers plus de précision et de rationalisation. Le spécialiste du goutte-à-goutte Netafim a par exemple lancé la commercialisation de sa solution Pulsar il y a seulement deux ans. Objectif affiché : « utiliser moins de 50% à 70% de l’eau requise par les systèmes asperseurs à couverture totale ».

Cette solution se décline selon 3 offres :

  • StripNet ;
  • StripNet X ;
  • GyroNet.

Les deux premières visent les vignes étroites à larges tandis que la troisième vise l’arbo. Les StripNet se limitent à une bande de mouillage de 50 cm à 1,20 m de large en monodirectionnel sur le rang. Les arroseurs sont par exemple installés tous les 5 m le long du palissage, soit 900 arroseurs par ha sur une vigne plantée en 2 m. D’après quelques retours d’expériences, il faut compter une consommation d’environ 10 m³/ha/h, contre par exemple 50 m³/ha/h avec une aspersion classique. Compter 10 000 €/ha l’installation complète.

Des mousses devant produire un film protecteur apparaissent. Agrisolvo Gel, par exemple, solution liquide d’origine végétale composée de chaines carbonées, se mélange à l’eau. Elle se pulvérise à un volume de 250 l/ha. Après un séchage, une pellicule se forme. Cela éviterait le gel dans le bourgeon.

L’entreprise promet aussi un effet antiloupe ou encore contre la dessiccation. Biogel de la société AquaGreen Potect, est une autre mousse pulvérisée puis qui durcit. Cette solution doit être appliquée avec un appareil spécifique en cours de développement. l’objectif est de protéger des premiers degrés négatifs pendant 48h.

Solutions de lutte contre le gel : mettre la culture sous cloche

Quand les éléments ne suffisent plus, les filets et abris climatiques peuvent jouer un rôle protecteur. Alors qu’il est plutôt pensé pour mettre la vigne à l’abri des maladies, le Vititunnel est aussi proposé pour la protection contre le gel.

Le système se déclenche automatiquement. « En moins d’une minute, Viti-Tunnel se déploie au-dessus du rang de vigne », communique l’entreprise. Côté efficacité, le fabricant déclare que dans le cas d’un gel radiatif, « Viti-Tunnel a permis de gagner de 1°C à 1,5°C. Dans le cas d’un gel advectif, Viti-Tunnel a permis de protéger jusqu’à une température extérieure de -3°C ».

Au Vinitech 2024, Hydr’abri propose une nouvelle solution : couvrir les rangs de vigne grâce à des bâches déroulées depuis un tube central. 

Au Vinitech 2024, Hydr’abri propose une nouvelle solution : couvrir les rangs de vigne grâce à des bâches déroulées depuis un tube central.

Sur le Vinitech tenu fin 2024, un nouveau venu se fait remarquer. Il s’agit d’Hydr’abri. Cette entreprise propose de couvrir les rangs de vigne grâce à des bâches déroulées depuis un tube central. Ces moyens de lutte contre le gel sont encore différents des bâches déroulées au tracteur ou géosynthétiques tels que Vinotex ou des filets de protection tels Alphatex vendus désormais comme efficaces contre le gel.

Enfin, les cloches de Wine Protect sont aussi proposées pour abriter les bourgeons. Il s’agit d’abris individuels qui se posent sur baguettes et les fils contre un gel jusqu’à -5 °C, promet l’entreprise. Et depuis l’an dernier, Wine Protect développe une cloche encore plus performante. Il s’agit d’un système autonome avec panneau solaire qui emmagasine l’énergie pour la nuit de gel. À la clé, une protection plus forte pour les nuits extrêmes jusqu’à -9° grâce à la centralisation du rayonnement d’ampoules sur les bourgeons.

Des systèmes n’ont pas été testés

Dans tous les cas attention aux références présentées. Les techniciens spécialisés d’instituts préviennent régulièrement de la fiabilité partielle des solutions mises en marché. Et nombre de nouveaux systèmes antigel des vignes n’ont été testées qu’une année ou sur des années peu gélives.

En outre, les techniques de prévention sont aussi nécessaires et complémentaires. Éviter le travail du sol, d’avoir un couvert dense et haut, par exemple, en amont d’un risque de gel. Outre l’aspersion, attention aussi aux solutions pouvant augmenter le taux d’humidité dans la parcelle. Tour, tunnel ou autre, une démonstration, un essai ou l’attente de résultats d’expériences vaudront mieux. Lutter n’est pas jouer.

Pour plus d’information, retrouvez aussi cet article sur www.entraid.com :

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