Les agricultrices de la Fnsea ont interrogé leurs consœurs sur le matériel agricole. Il en ressort que les concepteurs se basent trop souvent sur la force physique et la taille de l’homme moyen. Marie-Sophie Pujol, agricultrice dans l’Aude, détaille : « Les agricultrices estiment que l’utilisation des machines agricoles demande trop d’efforts physiques et se traduit par des troubles musculo-squelettiques. C’est notamment le cas pour raccorder les prises de force ou les flexibles hydrauliques ». Des prises situées aussi trop haut, qui obligent à escalader donc à prendre des risques. Ce genre de difficultés ne contribue pas à attirer des jeunes filles vers les métiers de l’agriculture, déjà largement masculins.
Des progrès insuffisants
Certes, il y a eu des progrès, relève Marie-Sophie Pujol, avec le déploiement de l’électronique, des commandes électriques, des transmissions automatiques. Les trémies des semoirs sont par exemple plus accessibles et leurs couvercles plus faciles à ouvrir. Mais il reste beaucoup à faire. On peut d’ailleurs remarquer que si, en moyenne, femmes et hommes présentent quelques différences morphologiques, nombre d’agriculteurs souffrent eux aussi physiquement au travail. Même si leur fierté les amène à ne pas trop l’avouer. L’ergonomie profite à tout le monde.
Place au mannequin numérique
Régis Gaydon, du bureau d’études de Claas, explique que les moyens techniques dont disposent les constructeurs leur permettent aujourd’hui de concevoir des « mannequins numériques ». Ils peuvent ainsi réaliser des simulations de disposition de cabine pour différents gabarits de chauffeurs. « Ensuite, de plus en plus de réglages, comme le volant ou le siège, se font électriquement, et chaque utilisateur peut enregistrer son profil ». Dans le domaine de l’attelage des outils, il explique que tout changement butte sur le nombre de parties concernées : les constructeurs de tracteurs et les fabricants d’outils. L’arrivée de nouveaux standards de liaison tracteur-outils aurait aussi pour inconvénient de rendre incompatibles des matériels de générations différentes.
Une force d’innovation
La Fnsea observe que les agricultrices représentent 24% des chefs d’exploitation, mais ne sont que 15% à venir au Sima. Les élues présentes à l’édition 2019 considèrent que les agricultrices forment « une force d’innovation pour le matériel agricole ». Elles appellent les constructeurs à accompagner la féminisation de la profession avec des outils mieux adaptés.
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