Dès l’aube ou presque, des milliers de visiteurs se sont pressés au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), arpentant une étendue qui équivaut à une centaine de supermarchés, pour découvrir les innovations alimentaires les plus marquantes du salon, dont l’Amérique latine est l’invitée d’honneur. Une odeur de guacamole flotte dans l’air quand on entre dans le pavillon réservé à cette partie du monde, où riz et épices brésiliens côtoient quinoa péruvien et vins du Chili. Au coin d’une allée, Mario exhibe fièrement les tortillas que cuisine son collègue, mettant épices, viandes et légumes dans des galettes de maïs, « la base de l’alimentation mexicaine ». Pas étonnant que l’Amérique latine soit mise à l’honneur, compte tenu de son importance pour la France et ses voisins: côté produits alimentaires, cette région « est le premier partenaire de l’Europe. 70 à 75% des échanges européens sont intra-européens, ensuite pour 12 à 15% des échanges, c’est l’Amérique latine qui apporte de la nourriture à l’Europe », a expliqué à l’AFP Nicolas Trentesaux, directeur du salon.
Au Sial, la France reste néanmoins le premier exposant, avec un millier d’entreprises. Elle devance l’Italie, l’Espagne, la Turquie, la Chine, les Pays-Bas, la Belgique, la Grèce, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Dans cette véritable coupe du monde de l’aliment, ceux qui pouvaient craindre un monde sans saveurs sont vite rassurés: à peine franchies les portes vitrées du hall 6, des odeurs de grillades agrippent l’odorat du visiteur, qui voit s’étendre devant lui des stands rutilants à perte de vue. Après les crises alimentaires -vache folle, viande de cheval- qui ont pu nourrir les craintes du consommateur, la tendance qui touche l’ensemble du salon est le retour à des produits plus basiques, à l' »ingrédient star »: « On distingue une tendance de fond réelle et profonde chez le consommateur, une attente de « bien manger » passant par plus de simplicité », selon Nicolas Trentesaux.
Le gaspillage dans les têtes
Le salon a reçu dimanche après-midi la visite du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Stéphane Le Foll, accompagné d’une cohorte de ministres étrangers. Sous les yeux du patron de la FNSEA, Xavier Beulin, M. Le Foll a accueilli des groupes étrangers, mais est aussi allé à la rencontre de célébrités françaises du secteur agroalimentaire, comme la biscuiterie Saint-Michel. Sur le stand de Ponthier, producteur de purées et coulis de fruits et légumes en Corrèze, le ministre a notamment expliqué que la France mettait tout en oeuvre pour aider les PME à exporter, avant de se prêter au rituel des dégustations, appréciant un « superbe » jus de fruits ananas-estragon du groupe Darégal.
L’ouverture du Sial coïncide cette année avec la journée mondiale de l’alimentation parrainée par l’ONU, sur le thème de l’antigaspillage. Un brunch géant était organisé à Paris, sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Dix millions de tonnes de produits alimentaires, d’une valeur commerciale de 16 milliards d’euros, sont perdues ou gaspillées tous les ans rien qu’en France, selon les derniers chiffres communiqués par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Le ministère de M. Le Foll a lancé une campagne virale #antigaspi sur les réseaux sociaux, en parallèle au salon. En France, l’agroalimentaire est un pilier de l’économie avec plus de 170 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce secteur dope aussi les exportations françaises, mais la part de la France sur le marché mondial de l’alimentation a plutôt tendance à s’éroder: deux entreprises sur 10 seulement exportent leurs produits, contre 8 sur 10 en Allemagne. Quelque 155.000 visiteurs, tous professionnels, sont attendus cette année au Sial (ouvert jusqu’à jeudi), pour découvrir 420.000 produits proposés par près de 7.000 exposants, dont 2.200 innovations.
Villepinte, 16 oct 2016 (AFP)