L’étude précise que ces montants représentent 5,2 à 12% de la valeur totale de la production végétale française. « Ces valeurs montrent la nécessité de l’action politique en faveur de la protection des insectes pollinisateurs », tels que les abeilles et les bourdons dont les populations sont en déclin, écrit en préambule de l’étude Laurence Monnoyer-Smith, commissaire générale au développement durable. Si le degré de dépendance varie d’une culture à une autre, il existe pour 72% des espèces cultivées pour l’alimentation humaine en France, d’après cette estimation réalisée dans le cadre de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese). Melons, pastèques, kiwis et cucurbitacées (potirons, courges, etc.) sont par exemple à 90% dépendants de la pollinisation, lorsque pommes, cerises et concombres le sont à 65%. Le taux de dépendance tombe à 25% pour les aubergines, le tournesol ou les fraises et à 5% pour les oranges et les tomates.
Les céréales ne sont pas dépendantes de la pollinisation. Par conséquence, la dépendance aux pollinisateurs varie aussi fortement d’un département à un autre, en fonction de la prédominance de telle ou telle culture. L’étude souligne « une différence notable entre les départements du Sud et du Nord de la France« , ainsi qu’entre les zones viticoles et céréalières, moins exposées, et les zones de production de fruits et légumes. Le Pas-de-Calais est ainsi peu dépendant (1,2%), contrairement aux Hautes-Alpes (54,4%). En tout, une dizaine de départements (Alpes-de-Haute Provence, Bouches du Rhône, Ardèche, Corrèze, Drôme, Pyrénées orientales, Tarn-et-Garonne, Haute-Vienne, Lot-et-Garonne) ont un indice de vulnérabilité dépassant les 20%, « la totalité de ceux-ci étant située dans le Sud de la France ». « Cela démontre une forte concentration des enjeux de la préservation des pollinisateurs dans cette partie du territoire », souligne le rapport, « d’autant que l’activité apicole y est très importante ». Si cette étude démontre l’importance cruciale de la pollinisation pour certains secteurs de l’agriculture française, elle précise que la méthode utilisée ne fournit qu’une approche minorée de la valeur des services de pollinisation. En effet, hors production agricole, les bénéfices ne sont pas évalués (contribution à une alimentation variée, à une maîtrise des coûts de l’alimentation, maintien de la diversité des paysages, captation des pollens, etc.).
Paris, 24 nov 2016 (AFP).