Simplicité et précision, ce sont les deux maîtres mots de Mathieu Constantin, agriculteur à Cugney en Haute-Saône. C’est aussi ce qui l’a poussé à revoir sa technique de semis de maïs. En effet, sur cette exploitation de grandes cultures de 235 ha, les céréales et oléagineux se côtoient. Pour semer ses 16 ha de rangs de maïs, 50 ha de colza, 20 ha de soja et 17 ha de tournesol, l’agriculteur a choisi, il y a trois ans, de n’utiliser qu’un seul semoir et qu’un seul écartement.
Changer le semoir
« Nous avons toujours semé notre colza avec un semoir de précision, se souvient-il. Dans nos terres et même sans eau, cette technique assure la levée des graines. » Ainsi, le semis est rappuyé, sous pression et la graine est bien positionnée dans le rang et le sol. La levée est donc homogène.
Pour cela, il a dû investir. Il était auparavant équipé d’un semoir non repliable à poutre fixe qu’il fallait dételer et atteler lors des trajets sur la route.
Chaque année, il modifiait les réglages pour les semis de printemps avec un inter-rang de 75 cm puis de colza à l’automne à 45 cm. « J’avais ce semoir en copropriété avec un voisin, précise Mathieu Constantin. Avec davantage de surfaces, on mutualisait les coûts. »
Pas de changement possible
Mais l’agriculteur était peu satisfait de son organisation : une perte de temps non négligeable l’a obligé à revoir son équipement. « Je voulais garder un semoir de 4 m de large, car c’est un multiple de la largeur de mon pulvérisateur, explique Mathieu Constantin. Je voulais conserver également un nombre de rangs paire sans avoir une problématique de roues. »
En effet, l’agriculteur est très à cheval sur le tassement des sols. Il utilise des roues fines jumelées pour pouvoir semer entre elles, sans tasser le sol au préalable.
« Il n’y avait qu’un semoir qui correspondait à ces exigences, le Kverneland Optima HD de 8 rangs et 4 m de large, indique-t-il, satisfait de sa trouvaille. Je suis allé le chercher en Allemagne. Et, petit bonus, il est télescopique indexable. Je peux donc le conduire sur la route sans le dételer. »
Acheté en copropriété toujours, d’occasion à 35 000 €, le semoir est équipé d’une coupure de rang pour réaliser les passages de pulvérisateur. Seul hic, les écartements d’inter-rang ne sont possibles qu’à 35 ou 50 cm. « Je me suis donc lancé ! », avoue-t-il. Mais il n’était pas seul, certains de ses voisins utilisait déjà la technique de réduction des écartements.
Ne pas perdre de rendements
Au lieu de semer ses parcelles de maïs avec 75 cm d’écartements entre les rangs, il ne laisse plus que 50 cm. Tout en gardant la même densité, car au lieu d’espacer les graines de 14,5 cm entre elles dans le rang, elles sont dorénavant plus écartées avec 21 cm qui les séparent.
La première campagne avec cette technique a eu lieu en 2021. « Mon objectif était de ne pas perdre de rendements tout en simplifiant mon travail », lance l’agriculteur. En employant la même densité et le même système de fertilisation au semis, l’agriculteur n’a pas remarqué de changement : la levée était homogène, le désherbage post-semis a été facilité par les voies de pulvé déjà réalisées et tout le suivi technique s’est déroulé comme à son habitude.
« Il est vrai que la plante recouvre plus rapidement le sol, cela limite l’évaporation de l’eau du sol, estime Mathieu Constantin. En période sèche, c’est assez visible et non négligeable. » Quant au désherbage et à la concurrence entre les plantes, l’agriculteur n’a pas remarqué de modifications. Pour le moment, aucune bineuse n’entre dans la parcelle mais le désherbage mécanique interpelle ce jeune agriculteur.
La récolte, le vrai test
Vient alors la récolte. C’est là où les choses se corsent. Celle-ci est menée par une ETA. Sauf « qu’elle n’avait pas de cueilleurs à maïs avec des écartements de 50 cm, fait remarquer l’agriculteur. Nous avons tout de même tenté, les maïs étaient beaux et en allant tout doucement, nous y sommes parvenus sans perte. » Et avec de très bons rendements.
Pour la campagne suivante, la récolte s’avère plus compliquée : les maïs ont souffert de la sécheresse et sont beaucoup moins résistants au passage des cueilleurs. La perte est trop élevée.
« J’ai donc fait appel à un autre entrepreneur équipé de cueilleurs d’intervalle de 50 cm, explique Mathieu Constantin. Tout s’est bien passé malgré des rendements moindres. Entre temps, l’ETA a décidé d’investir dans ce type de matériel pour la récolte 2023. » Un kit qui est aussi rentabilisé par la récolte de tournesol.
« Que des intérêts »
Quant à son utilisation pour les autres cultures, le colza notamment, l’agriculteur en est ravi. « Cette technique me simplifie la vie, avoue-t-il. Si le débit de chantier n’a pas augmenté c’est parce que je prends le temps de bien semer mes parcelles. Je ne vois que des intérêts à cette technique. »
Si bien qu’il a lancé, avec la chambre d’agriculture de son département, un essai pour la campagne à venir. L’objectif est de comparer la technique classique avec celle qu’il pratique. Car il le reconnaît :« Je sais que je ne perds rien, mais je ne sais pas si je gagne d’un point de vue technique. » En attendant, la nouvelle méthode de semis se propage dans la plaine, avec l’ETA qui a investi dans le même type de semoir.
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