Les semis de céréales 2022 viennent de débuter chez Guillaume Lefort, agriculteur à Arville qui exploite avec trois autres agriculteurs 1.000ha en Seine-et-Marne. Si l’agriculteur débute plus tard qu’à son habitude, c’est pour des raisons de désherbage. « Nous avons de plus en plus de difficultés liées à l’enherbement, lance l’agriculteur. Alors j’essaye de réaliser au maximum des faux-semis sur une période assez longue. »
Faux-semis pour désherber
Sur ce point, la météo ne l’a pas aidé. Guillaume Lefort a l’habitude de déchaumer juste après la moisson. Cette année, comme elle a fini tôt, il a pu travailler les sols en surfaces et bénéficier du peu d’humidité qu’il y avait encore. Mais il a fallu attendre le mois de septembre pour voir les adventices pointer le bout de leur nez et ainsi les détruire. « Dans certaines parcelles, j’ai réussi à réaliser deux déchaumages et un décompactage avant les semis, explique l’agriculteur. Reste encore à savoir comment je vais travailler le sol après les betteraves. »
S’il débute un peu plus tard ses semis, c’est aussi, il faut dire, qu’il est bien occupé avec les arrachages de ses betteraves. Les rendements sont, chez lui, assez décevants, avoisinants les 65t/ha malgré l’irrigation. « Chez nous, les années sèches nous touchent beaucoup et pour toutes les productions, rappelle l’agriculteur. Les arrachages de début septembre se sont faits dans de très mauvaises conditions. Le sol était très sec, le matériel s’est usé et nous avons eu beaucoup de casses. Au total, j’ai une facture d’environ 10.000€ qui m’attend. »
Un mauvais souvenir espère-t-il, puisqu’en ce début octobre la situation s’est améliorée et l’arracheuse travaille dans d’excellentes conditions, réduisant la consommation de carburant au passage.
Un bon début pour les semis de céréales 2022
Quoi qu’il en soit, les sols, malgré la sécheresse, se sont bien restructurés et les pluies de septembre permettent de semer les céréales dans de bonnes conditions. Enfin, d’un point de vue technique. Car côté pratique, l’agriculteur cherche du GNR tous azimuts. Sans une livraison prochaine, il ne pourra pas achever ses travaux des champs. « Lors de ma dernière commande de GNR, j’ai dû attendre près de quatre semaines pour être livré, regrette-t-il. Cette fois-ci, on me dit que je ne peux avoir que 2.000l à la fois. »
Une conjoncture qui n’a pas modifié ses plans d’assolement: une rotation de neuf ans composée de betteraves, blé, orge et colza. « Je n’ai pas énormément de choix de diversification, fait-il remarquer. Je mise encore sur la betterave, car je me sens responsable de l’outil de transformation. Si je veux encore avoir le choix de planter cette culture, il faut avoir une sucrerie à proximité. Mais j’avoue que sans néonicotinoïdes dans les semences, je vais encore plus me poser la question d’en emblaver. »
Mais plus que le contexte économique, c’est la PAC qui fait évoluer la sole de l’agriculteur. Ajout de luzerne, de Cive (culture intermédiaire à vocation énergétique) pour un méthaniseur, tournesol quand le colza ne pousse pas bien… « Seul le maïs répond bien à la conjoncture actuelle et à notre terroir, avoue Guillaume Lefort. D’autant que c’est une plante qui reste rentable, même irriguée. »
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