Le bâtiment a été construit en 2001 pour héberger un troupeau laitier. Onze ans plus tard, l’activité d’élevage cesse sur le site. En effet, un des élevages laitiers à l’origine de la SAS Métha-Ferchaud a repris l’exploitation et a regroupé les troupeaux sur son site historique. Pour le jeune corps de ferme ainsi déserté par les ruminants, le projet de production d’énergie était l’opportunité idéale de connaître une seconde vie.
Du chemin d’accès, la plateforme de stockage des ingrédients, jusqu’à la production du gaz, les équipements ont été spécialement construits. En revanche, ce qui est en aval (cogénération, séchage…) se fait au niveau du bâtiment, anciennement d’élevage, réhabilité. Partir d’un bout d’existant, «c’est une particularité de cette unité», souligne Armelle Damiano, directrice de l’association Aile (1). «Le plus souvent, les projets collectifs de méthanisation se réalisent sur des terrains initialement vierges», où tout est donc à construire. Or un mur ou un toit déjà montés sont autant de frais en moins à engager. «Le fait que nous n’ayons pas créé un nouveau bâtiment que nous aurions fait différemment, plus haut… réduit aussi l’impact visuel», souligne le chef d’exploitation, Sébastien Boudet. «Économiquement, le gain est réel», mais dans l’investissement total (1,8M€), les aménagements ont été un coût non négligeable.
Chaleur en sous-sol
Pour leur installation, les six associés ont choisi l’entreprise Hochreiter. Une allemande, comme beaucoup. Sébastien Boudet explique que le groupe a été séduit par «la simplicité du système, la qualité des brasseurs et leur moteur extérieur. Comme nous travaillons sur une base de fumier, il faut des brasseurs costauds.» La construction «a été assurée par l’entreprise Roussel», soulignent les associés, satisfaits d’avoir fait appel à une entreprise locale qui a passé plus d’un an sur son site.
Les ingrédients placés dans la trémie prévue pour nourrir l’unité une journée entière entrent dans le digesteur, qui se vidange dans le post-digesteur, qui lui-même se vidange dans la cuve de stockage du digestat. Ce dernier passe ensuite dans la fosse à lisier historique du site, en attendant son épandage, fait par la cuma.
Si, au sens figuré, l’unité de méthanisation est sortie de terre, au sens propre, elle est en grande partie souterraine. En hauteur, les cuves mesurent 6m. Les dômes qui dépassent ne sont que la partie visible des icebergs. Des icebergs chauds, puisque l’écosystème mésophile de production du gaz se plaît à environ 40°C. Cette température est entretenue grâce à la chaleur dégagée par la génératrice et est favorisée par l’isolation qu’offre cette disposition. Sebastien Boudet cite deux autres raisons principales de leur choix d’avoir enterré les installations : l’accès plus facile aux équipements et l’intégration paysagère du site. Ce dernier point a réellement été prévu dès le départ avec, pour autre exemple, la formation d’un merlon.
Au revoir salle de traite, bonjour séchoir
Le gaz est récupéré des trois cuves et traverse la cour. C’est à partir d’ici que les anciens bâtiments d’élevage sont utiles. Outre une partie bureau, s’y trouve le co-générateur, dans une extension où la place pour un second moteur a été prévue. De l’autre côté du mur, dans l’ancienne stabulation, les associés ont conservé une vaste place de stockage abrité et ont installé leur séchoir. Nous y entrerons dans un prochain épisode.
(1) Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement dans l’Ouest – Son site internet
Retour sur l’épisode précédent : La ferme apporte lumière et chaleur nouvelles à son territoire
Pour aller plus loin sur le biogaz : Liquéfier le biométhane