Deux essais en une année, un au semis, l’autre à la récolte, en 2017, la culture du maïs a évolué au gaec du Lathan. «Nous avons semé en inter-rangs de 57 centimètres au lieu de 75 auparavant», explique Sylvain Sureau. Son but: assurer une meilleure couverture du sol précoce, pour se faciliter la lutte contre les adventices, et une incidence positive sur le rendement. Mais en cette année très favorable à la culture de printemps, difficile d’évaluer si la géométrie différente des champs a généré l’effet escompté sur le volume ensilé. Néanmoins, l’éleveur du Maine-et-Loire reconduira l’essai l’an prochain. A priori, il devrait en être de même pour celui de la récolte avec une machine dotée d’un éclateur schredlage.
Après qu’il en ait entendu parler l’hiver dernier, l’éleveur s’est vu proposer cette possibilité par son entrepreneur et s’est montré partant. Grégoire Caillault (ETA Hervé), confirme: «Nous avions une machine à renouveler. Ce n’était pas prévu au départ, mais ce sont des clients qui nous ont demandé si nous pouvions proposer ce service.» L’entreprise a donc fait en sorte de pouvoir répondre à cette demande avec sa nouvelle machine qu’elle équiperait du schredlage pour une partie de sa campagne. Finalement, «nous aurons du mal à servir tout le monde.» À tel point qu’au gaec du Lathan, le début de la récolte s’est faite avec un éclateur conventionnel. «La nouvelle machine n’était pas disponible», reprend l’agriculteur. Puis elle est arrivée, et il a pu comparer.
«Pas photo sur la qualité du travail»
«Notre objectif est que tous les grains soient éclatés», car l’éleveur constate qu’un grain intact ou juste touché n’est que peu, voire pas valorisé. Or s’il y en a 10%, sur une surface récoltée de 47ha, la perte n’est pas négligeable. Ce jour-là, «nous étions sur du maïs de 3,50m de haut, avec beaucoup de grains» et un taux de matière sèche idéal: «31 ou 32%.»
Le troupeau de 200vaches est servi à l’automotrice de distribution. Aussi, l’éleveur donne la consigne de couper le fourrage à 2,2 ou 2,4cm à son chauffeur d’ensileuse, «mais même en descendant à 1,8cm de longueur de coupe, l’éclateur classique laissait quelques grains intacts», contrairement à la seconde ensileuse. Quant à la coupe, l’éleveur avait une crainte, mais il reconnaît: «le travail n’est pas si mauvais que ça, j’ai trouvé que c’était assez net.» En revanche sur le débit de chantier, entre la 8 rangs classique et la 10 rangs schredlage, «on a pas gagné 20% de vitesse de récolte.» La technologie mobilise de la puissance et plus de fioul. L’entrepreneur confirme, mais avance d’autres arguments:«on fait des silos et j’ai le sentiment que ça se tasse mieux avec le schredlage et l’amidon est mieux réparti dans la masse.»
Le stade de récolte reste la clef principale de la réussite
«Nous ne changerons rien à la ration, même s’il est possible que nous puissions nous passer des 500g de paille de colza.» Quant à savoir si le choix de cette technologie était et sera pertinent économiquement parlant, l’éleveur n’a pas encore tous les éléments en main pour produire son analyse. Le gérant d’entreprise de travaux agricole présente:«On ajoute 100€/h au tarif de l’ensileuse avec le schredlage. Ça revient à un surcoût de 25€/ha», qui se justifie entre autres par le carburant, «et surtout l’usure.»
C’est à la fin du silo qu’on compte les bouses
Son client reprend: Dans l’hypothèse où une machine conventionnelle travaille le grain aussi bien, «ça ne vaut pas le coup car ça augmente le coût de la tonne de matière sèche récoltée», balaye-t-il. «Mais si on valorise 100% du maïs grâce au schredlage,..», la conclusion sera tout autre. L’éleveur ne la tirera de toute manière pas avant d’utiliser la récolte 2017. Son prestataire attend aussi que les silos s’ouvrent. «Si les résultats annoncés sont là», il envisage qu’il faudra que sur son parc de cinq automotrices, il en consacre une et demi, voire deux, au maïs schredlage dès 2018.
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