Alors que les importations de vins français aux États-Unis vont être frappées de 25% de droits de douane supplémentaires, la FEVS a demandé dans un communiqué aux autorités de résoudre le différend qui les oppose dans le domaine aéronautique, afin d’obtenir la suppression de ces mesures qui touchent « arbitrairement » le secteur du vin. L’Organisation mondiale du Commerce (OMC) a en effet autorisé mercredi le gouvernement américain, dans le conflit sur les aides à Airbus, à prendre des sanctions tarifaires record sur près de 7,5 milliards de dollars de biens et services de l’Union européenne.
Pris en otage
Les taxes viseront des produits fabriqués par la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, les quatre partenaires du consortium européen Airbus. Vins français mais aussi fromages, olives ou encore whisky écossais vont être frappés de droits de douane supplémentaires allant de 10 à 25%. « C’est une mauvaise nouvelle pour le secteur et nos professionnels. Nous déplorons cette décision qui va à l’encontre de l’ouverture du commerce », a déclaré lors d’une conférence de presse Antoine Leccia, président de la FEVS, soulignant que cela pénaliserait « très fortement » les producteurs et exportateurs, mais aussi les « consommateurs aux États-Unis ». « Nous ne sommes pas du tout concernés par ce litige », a-t-il ajouté auprès de l’AFP, « on se sent pris en otage par ces taxes ».
Des sanctions sur les vins tranquilles
Les sanctions américaines vont s’appliquer aux bouteilles de vin tranquille (par opposition au vin effervescent) de deux litres ou moins et ayant un degré d’alcool inférieur ou égal à 14%. Les États-Unis représentent le premier marché d’export de vins et spiritueux français, avec un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros (sur un total de 13,2 milliards en 2018, au niveau mondial), selon le communiqué de la FEVS. Pour les seuls produits visés par l’augmentation des droits de douane, les exportateurs de vin français avaient réalisé en 2018 un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros sur le marché américain, ce qui représente environ 14 millions de caisses de 9 litres. Les vins supérieurs à un degré d’alcool de 14%, ceux conditionnés en vrac et les vins mousseux ne sont pas concernés par les sanctions.
Un risque de baisse des prix pour les producteurs
Selon M. Leccia, ces droits de douane supplémentaires auront des répercussions négatives en priorité sur les vins les moins chers. Pour remplacer les vins français à moins de 15 euros la bouteille, « ce sera facile (pour les consommateurs) d’aller chercher des vins chiliens ou italiens », qui ne sont pas touchés par les sanctions. « Nous sommes inquiets de la baisse des volumes que ça peut représenter », a souligné M. Leccia, tout en mettant en garde contre un risque de « baisse des prix », « car on va baisser les prix pour maintenir nos parts de marché ».