Employer un salarié en cuma, voilà une idée qui fait son chemin depuis plusieurs années dans la tête de nombreuses structures. Le modèle ayant tendance à faire des émules dans le Cantal, comme ailleurs. Dans ce département, on comptabilise 12 salariés exerçant en cuma. Avec toujours le même objectif en tête, celui de gagner un temps précieux lors des périodes de rush.
Un salarié en cuma autonome qui connaît le matériel et les parcelles des adhérents
Ce choix du salarié, la cuma de La Coste, basée sur la commune de Saint-George, tout près de Saint-Flour, l’a fait il y a maintenant trois ans. «L’idée principale était réellement de gagner du temps et d’aller beaucoup plus vite lors des deux grosses périodes d’activité que sont les semis début octobre et les ensilages qui se déroulent généralement à la mi-mai. Nous avions besoin d’une personne parfaitement autonome. Quelqu’un qui puisse connaître le matériel et les parcelles des adhérents. De façon à passer d’un chantier à l’autre sans avoir à dételer et réatteler et même de réaliser plusieurs chantiers sur une journée quand la surface à travailler et la météo le permettent», résume Mickael Bos, président de la cuma de la Coste depuis l’automne dernier, installé en gaec en production allaitante sur la commune de Saint-George.
Et ce salarié, c’est Antoine Dechambre, 30 ans, originaire de Anglards-de-Saint-Flour, commune voisine. Fils d’agriculteur, passé par un Bac Pro CGEA (Conduite et gestion d’exploitations agricoles) en Lozère, le jeune homme organise son temps entre l’exploitation familiale de son père et de son oncle et son emploi à mi-temps au sein de la cuma. Une autonomie appréciée des deux côtés et une relation basée sur la confiance et la flexibilité.
Des périodes de travail variables mais un salaire fixe
Le travail d’Antoine Dechambre est intrinsèquement lié à la période en cours. Le contrat du professionnel est donc de 800 heures par an, lissé sur 12 mois avec des phases plus ou moins actives selon les besoins. Présent ou non auprès des adhérents, son salaire reste fixe tous les mois de l’année.
«J’ai souvent une période plus creuse en décembre-janvier puis les deux mois d’été et de très actives périodes en octobre et mai durant lesquels il faut s’organiser entre la disponibilité du matériel et la météo». Ce sont là aussi les adhérents qui sont facturés tous les trois mois directement par la cuma qui se charge, ensuite de rémunérer directement son salarié par le biais de son Centre de gestion situé à Aurillac.
Une organisation bien rodée
Si Antoine Dechambre jouit d’une très grande autonomie dans son travail et salue la bienveillance et la flexibilité des adhérents durant les périodes de rush, c’est bien Mickael Bos qui organise son planning. «Les adhérents m’appellent directement pour me faire part de leurs besoins et c’est moi qui organise les missions d’Antoine, sans quoi cela serait trop la cacophonie».
Car en matière de proposition, la cuma de la Coste, l’une des plus importantes du département, a de quoi faire avec un impressionnant parc matériels capable de réaliser à peu près tous les chantiers mis à part les travaux de fenaison et ceux de la moisson. Remorques, épandeurs, tonnes à lisier, télescopique, épareuse, plateau à fourrage, charrue, mini-pelle, mini-chargeuse, ensileuse, combiné de fauche papillon, … chaque année, cette cuma investit dans de nouveaux outils pour élargir encore un peu plus son offre de services. Le tout, soigneusement entreposé dans deux bâtiments situés tout près de Saint-George.
Principale difficulté du salarié en cuma: trouver quelqu’un sur du long terme
Ce mouton à cinq pattes, capable de passer d’un chantier à l’autre sans perdre de temps, la cuma du Chateau de Vitrac, au sud d’Aurillac, qui compte douze adhérents, le cherchait activement. Si les jeunes gens motivés et passionnés ne manquent pas dans ce coin du Cantal, c’est un engagement sur la longueur que recherchait la cuma. «Nous ne cherchions pas forcément un ou une jeune, mais surtout une personne qui connaisse le métier et qui n’a pas l’intention de nous quitter trop rapidement. C’est sans doute là qu’était la principale difficulté», explique Hervé Puech, président de la cuma.
Se dégager du temps pour d’autres tâches
Et c’est dans un but bien précis que la cuma du Château de Vitrac recherchait un salarié «à mi-temps ou à plein temps, selon les compétences de la personne.» Fin avril, la cuma a reçu une désileuse automotrice flambant neuve, demandée par quatre adhérents dans le cadre d’une création d’activité. «Pour cette mélangeuse, nous avions besoin de quelqu’un pour la faire tourner chez nos adhérents. L’objectif premier étant de nous dégager du temps et de pouvoir confier cette tâche.»
Ayant pris soin de regarder ce que faisaient d’autres cuma, l’organisation autour du salarié était déjà prête. La préférence allait plutôt vers une embauche à temps partiel. Vu le peu de candidat, les quatre adhérents ont redéfini le poste, avec une mise à disposition du salarié sur leurs exploitations, pour arriver à un temps plein. «Il n’y a pas cinquante solutions. Si on ne propose pas un temps complet, on ne trouve personne.» Suite à ce changement, la cuma du Château de Vitrac a finalement trouvé son salarié depuis le 1er juillet.
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