En Franche-Comté, les Cuma sont à l’image de leur territoire : diversifiées. Entre les vignobles du Jura, l’appellation lait de Comté en Haut Doubs et les élevages laitiers « standards », les administrateurs ont souhaité mailler le terrain en fonction des problématiques et non des limites départementales. Avec le vote favorable d’une majorité des 230 Cuma de la région, ce sont désormais 30 référents départementaux qui assureront le lien entre les Cuma sur le terrain et les 12 administrateurs régionaux. « Nous y avons consacré beaucoup de temps avec l’objectif d’avancer pour nos Cuma », a insisté Hervé Delacroix, éleveur dans le Doubs et président du RCFC.
Fusion des fédérations départementales
Les objectifs du RCFC sont nombreux. Les élus souhaitent avant tout améliorer le service rendu aux cuma avec davantage de proximité et des animateurs qui pourront conseiller les groupes en fonction de leurs spécialités. D’un point de vue politique, le RCFC devrait permettre d’améliorer la représentativité au niveau régional et se diriger vers une grande région « Bourgogne Franche Comté » afin de coller avec le nouveau découpage issu de la Loi Notre. Parmi les atouts de cette nouvelle tête de réseau, « une situation financière saine et équilibrée dans les trois départements » et la mutualisation du poste administratif déjà en place depuis plusieurs années.
Haute Saône : des situations compliquées
Avec 56 cuma adhérentes à la fédération départementale, ce sont 1100 exploitations agricoles Haute-saônoises qui partagent du matériel en Cuma. Si le chiffre d’affaire global est resté stable à 1,9 million d’euros en 2016, les investissements ont chuté de 30% pour s’établir à 1,1 million d’euros. Une grosse part de Cuma n’a d’ailleurs pas investi l’année passée. La Cuma haute-saônoise moyenne compte 20 adhérents pour un chiffre d’affaires de 34.418€ et des investissements moyens de 23.750 €.
La fédération, par l’intermédiaire de son animateur Philippe Mondelet, a accompagné 21 Cuma en 2016 sur du conseil de gestion et a réalisé 43 études d’investissement. Elle est également intervenue comme médiateur pour 9 Cuma en raison de problèmes d’impayés, de trésorerie ou de désengagement.
Par ailleurs, 4 Cuma ont lancé un Dispositif national d’accompagnement (dina-cuma). Deux sont encore à l’étape de la réflexion (une pour un bâtiment et l’autre pour l’embauche d’un salarié à temps plein) et deux sont en finalisation pour la construction d’un bâtiment. En 2017, plusieurs Cuma ont évoqué l’idée d’investir dans des pendillards.
Dans un contexte économique et social difficile, « les postures de conservatisme sont un réflexe très naturel », a reconnu le président Denis Géhant, qui appelle à « véhiculer un message positif ». « Les Cuma doivent écrire une nouvelle page de l’agriculture, plus solidaire, plus économique, plus en respect des défis environnementaux, plus innovante que jamais », a-t-il encouragé.
Doubs : fiers de l’esprit coopératif
Autre département, autres problématiques. Dans le Doubs 80 à 90% des agriculteurs, soient 2200 exploitations, sont adhérents à une Cuma. En 2015, les 91 Cuma adhérentes à la fédération ont réalisé un chiffre d’affaires global de 4,7 millions d’euros et les investissements ont bondi de 62% pour s’établir à 4,6 millions d’euros. Dans le département, la Cuma moyenne compte 24 adhérents, réalise 52 000 € de chiffre d’affaires et a investi 51 000€ en 2015.
« Soyons fiers d’avoir su créer et maintenir nos coops (à Comté) pour tirer les prix vers le haut et plus que jamais soyons fiers d’adhérer, de gérer, de développer nos Cuma pour tirer les charges vers le bas », a lancé Hervé Delacroix, président de la FD Cuma du Doubs à la cinquantaine de cumistes venus au Russey ce 28 mars.
Pour autant, « il reste encore du travail à réaliser sur nos exploitations et auprès de nos partenaires tant techniques que financiers », a-t-il martelé. Le président et les administrateurs de la fédération départementale ont déploré le manque d’accompagnement de la chambre d’Agriculture qui a fait défaut d’une subvention de 6000 € en 2016. « Les Cuma ne doivent pas être exclues de la politique de la chambre interdépartementale », a prévenu Hervé Delacroix.