Préparation du semis : 3x plus d’exposition aux phytos qu’au champ !

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Préparation du semis : 3x plus d’exposition aux phytos qu’au champ !

Attention à bien vous protéger lors de la manipulation des semences enrobées au chargement du semoir. (Crédit : Adobe Stock)

Semis des céréales à paille et du maïs : l’exposition aux phytosanitaires des semences enrobées est 3 fois plus forte à la préparation et au remplissage qu’au champs. L’exposition est divisée par 8 en portant des gants. Tout d'horizon des derniers résultats d'étude de Pestexpo.

Pour la première fois, des chercheurs français de l’Inserm et la MSA caractérisent les risques professionnels des produits phytosanitaires et l’exposition lors des semis de céréales à paille et de maïs. Les résultats de cette étude Pestexpo ont été dévoilés, jeudi 23 janvier 2025. Parmi les principaux enseignements : l’exposition est trois fois plus élevée à la préparation qu’au champ. Les parties du corps les plus exposées sont les mains et les cuisses pour les céréales à paille. Et ce sont le tronc, les mains et les cuisses qui sont les plus exposées aux phytosanitaires enrobant les semences de maïs.

Risques des produits phytosanitaires : ce qu’il faut savoir pour mieux se protéger

Pour Marie-Pierre Dupont, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA Côtes Normandes, le port de gants et d’un tablier semblent donc bien plus indispensables qu’un masque à poussières. « Les mesures d’exposition respiratoire sont faibles. Mais on détecte quand même des pics quand des soufflettes sont utilisées ». Aussi, rangez les EPI dans un endroit à eux, en évitant tout contact dans la cabine du tracteur.

Cette étude a mobilisé 35 agriculteurs volontaires durant deux ans, en 2020 et 2021. « L’objectif était d’observer les risques professionnels d’exposition au semis, explique Jérémy Le Goff, ingénieur de recherche et qualiticien au Centre François Baclesse, centre régional de lutte contre le cancer. Les mesures ont notamment été réalisées avec des patchs disposés dessus et dessous les vêtements. Et cela, à la préparation des semis et au champ ». Trois personnes sur le terrain ont aussi noté quelque 210 variables d’observation sur les caractéristiques des chantiers : type de ferme, niveau de formation, quantité manipulée météo, etc. Les deux molécules recherchées furent les bases d’enrobés fongicides fludioxonil et prothioconazole.

L’exposition aux phytosanitaires mesurée pour le semis des céréales à paille avec semoir en ligne

À la préparation et au remplissage du semoir à céréales avant le semis au champ, ce sont pour moitié les mains et pour un quart les cuisses qui sont les plus exposées au risque chimique lié à des semences enrobées de produits phytosanitaires. La phase de remplissage est trois fois plus exposante que celle du semis au champ.

Ces expositions varient en fonction des phases de travail, que ce soit à la vidange et au réglage, lors des transvasements de semences résiduelles, lors du nettoyage du fond de la trémie avec une soufflette, lors du remplissage avec la semence, du contenant, du matériel.

Pour travailler en sécurité, la MSA recommande plusieurs mesures :

  • Éviter tout contact cutané avec la semence ou le matériel contaminé ;
  • Limiter les vidanges en calibrant la quantité de semence à la surface à semer ;
  • Limiter les réglages entre deux semis en planifiant les chantiers ;
  • Utiliser du matériel et des contenants adaptés en prenant soin d’adapter les volumes ;
  • Porter des gants en nitryle et éventuellement un tablier pendant toute la durée du remplissage.

De plus, il faut rincer ces équipements lors du lavage des mains. Lors d’un renouvellement, la MSA recommande de choisir un semoir de contenance adaptée avec une plateforme sécurisée et facile d’accès.

L’exposition mesurée pour le semis des maïs au semoir monograine

À la préparation et au remplissage du semoir à maïs avant le semis au champ, les zones les plus exposées sont pour moitié le tronc et pour moitié les cuisses. Quant aux mains, leur exposition est divisée par 8 par l’utilisation de gants. « Seule la moitié des personnes observées portaient des gants, note Marie-Pierre Dupont, de la MSA. C’est pourtant la phase la plus exposante. En moyenne, un agriculteur manipule dans les 500 kg/jour de sac de semence ».

La phase de remplissage est trois fois plus exposante aux phytos que celle du semis au champ. Ces expositions varient en fonction des phases de travail. À l’ouverture des sacs, à l’ouverture des bacs, lors du vidage des sacs. Aussi, lors du rangement des sacs, le fait de rouler les sacs le long des cuisses pour les ranger multiplie par 10 l’exposition aux produits chimiques. D’autres contacts avec du matériel contaminé sont possibles lors de l’ajout de fertilisants ou de microgranulés.

Pour travailler en sécurité, voici les conseils supplémentaires aux recommandations précédentes :

  • Organiser le chantier pour limiter la manutention des sacs ;
  • Organiser le rangement des sacs en évitant le contact avec le corps ;
  • Inclure les sacs en circuit de collecte des produits contaminés.

Risques liés aux produits phytosanitaires : 3x plus au semoir qu’en plein champ

Au champ cette fois, les zones les plus exposées sont le tronc, les mains et les cuisses. Ces expositions varient en fonction des tâches réalisées. De manière générale, cette exposition augmente avec le nombre de descentes sur la parcelle. En particulier lors du semis en terre, lors de la gestion du niveau de semence dans le semoir et lors de tout autre contact avec le semoir. La cabine du tracteur peut se contaminer, ce qui entraîne une exposition possible lors de son utilisation.

L’opérateur s’expose par ailleurs à d’autres risques professionnels. Pour travailler en sécurité, évitez autant que possible les descentes aux champs et les interventions sur le semoir, en plus des préconisations déjà citées.

« Cette étude a des limites, conclue Pierre Lebailly, enseignant-chercheur au loboratoire Anticipe de l’Inserm. Important : il ne faut pas généraliser ces résultats à d’autres cultures. Les semoirs SD n’ont pas non plus été observés. Simplement, il faut garder à l’esprit que si la phase de préparation est dix fois moins longue que le semis, c’est la phase de travail où l’exposition est la plus importante. C’est la clé de la prévention. C’est là que tout se joue ».

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