« Je gère ma cuma comme je gèrerais mon entreprise ! » C’est ainsi que Sébastien Ajdnik résume le fonctionnement de la cuma viticole qu’il préside. Une approche qui pourrait trancher avec l’état d’esprit cumiste si l’on ne cherchait pas à en savoir plus. En réalité, la cuma du Racaudy localisée à Aragon (11) pourrait constituer un cas d’école tant son fonctionnement est calqué sur la vie du groupe et l’entraide. Un groupe constitué de sept vignerons amis, exploitant au total quelque 130 hectares de vignes.
Des vendanges à moins de 70 €/ha, hors amortissement
L’investissement dans un autoporteur Pellenc équipé d’une tête de récolte et d’une pré-tailleuse permet de pré-tailler et réaliser les vendanges de la totalité des surfaces qui, de surcroît, sont vinifiées dans trois structures coopératives différentes. « Ce qui complexifie sérieusement le planning des vendanges », souligne Sébastien Ajdnik.
Afin de relever ce défi, en tant que responsable du matériel mais aussi de l’organisation des vendanges, il a mis en place un fonctionnement très rigoureux qu’il gère de main de maître. « Je vendange comme si la totalité des 130 hectares m’appartenait », indique-t-il. L’estimation des tonnages, la coordination avec les transporteurs, la gestion de la récolte en fonction de la maturité des raisins… ; autant de facteurs à prendre en compte nécessitant qu’une seule personne soit au cœur de ce dispositif.
En revanche, poursuit-il, « chacun a un rôle précis et son implication est déterminante dans la bonne mise en œuvre des vendanges. » En période de récolte, la machine à vendanger est effectivement à l’œuvre 16 h/jour. « C’est l’unique solution pour réussir ce pari de vendanger autant de surfaces destinées à trois structures différentes avec une seule machine », assure-t-il. Résultat, un coût de vendange très compétitif de l’ordre de 220€ comprenant 150€/ha/an d’amortissement de la MAV et 70 € maximum de charges/ ha, dont fait partie un budget consacré à la convivialité.
Entraide et convivialité
En période de vendange, deux pauses rythment les grosses journées des sept vignerons, la pause grillade du matin et celle de l’apéritif le soir. « Ces moments sont précieux car ils nous permettent de nous retrouver tous ensemble en vue de faire un point et aborder si nécessaire d’éventuelles difficultés », explique le président. C’est aussi sur son exploitation que sont installés l’atelier, le hangar où la majorité des matériels de la cuma est entreposée, mais aussi le coin cuisine où « chacun, lorsqu’il y entre, se sent chez lui », insiste Sébastien Ajdnik. Il est en effet convaincu que l’essentiel de la réussite de leur petite entreprise à sept est bien là. « L’esprit collectif est à la base de notre cuma où l’entraide est aussi centrale », poursuit-il. Les investissements réalisés à partir de 2010 dans du gros matériel (tracteur, tracto-pelle) permettent, dans le cadre de chantiers d’entraide, de réaliser les plantations chez chacun d’entre eux. Un mot qui a du sens au sein de la cuma du Racaudy où, suite à un accident en 2015, Sébastien Ajdnik a pu compter sur les autres adhérents pour réaliser une bonne partie de la taille de ses vignes.
Lorsqu’on l’interroge sur les éventuelles frictions qui peuvent apparaître, le président rétorque : « Le groupe est un collectif de personnalités différentes qui contribuent, chacune en fonction de son caractère, à la bonne marche du groupe. Il faut juste un chef d’orchestre pour coordonner l’ensemble. » En l’occurrence, le chef d’orchestre, c’est lui.