Les analyses produites par le CEP sur l’impact économique de la performance environnementale dans les exploitations céréalières portent sur l’année 2018. Elles ont été reproduites en 2019 avec les mêmes conclusions. «On constate que les exploitations ayant de bonnes performances environnementales auraient un RCAI/UTAns (Résultat Courant Avant Impôt par Unité de Travail Annuel non salariée) et un EBE (Excédent Brut d’Exploitation) inférieurs à ceux des exploitations ayant de faibles performances», d’après Estelle Midler et Vincent Hébrail-Muet du Centre d’études et de prospective.
Il s’élève en moyenne à:
- 39.900€/UTAns (740€/ha d’EBE) pour les exploitations à très faible performance.
- 32.500€/UTAns (640€/ha d’EBE) pour les exploitations à faible performance.
- 26.500€/UTAns (510€/ha d’EBE) pour les exploitations à forts performance.
- 20.000€/UTAns (430€/ha d’EBE) pour les exploitations à très forte performance.
La différence est plus significative sur l’EBE que sur le RCAI, selon les auteurs.
Explication: les exploitations à forte ou très forte performance sont plus extensives. Elles utiliseraient donc moins de gros matériels. Ce qui limite leurs amortissements par rapport aux exploitations à faible ou très faible performance.
Performance environnementale « globale »
Les indicateurs utilisés pour évaluer dans leur globalité les performances environnementales, sont très larges: part des surfaces peu productives, des prairies, des plantes protéiques, des surfaces irriguées (impact environnemental négatif), des tailles et des formes des parcelles, des charges en engrais, phyto, énergie… Ces indicateurs ont un effet sur le niveau de production.
Dans l’échantillon étudié (1.421 exploitations spécialisées en grandes cultures), le chiffre d’affaires est en moyenne plus faible sur les exploitations très performantes du point de vue environnemental. 1.110€/ha contre 2.120€/ha pour les exploitations à très faible performance environnementale.
Attention, ces résultats correspondent à une analyse globale de la performance environnementale. Si on ne considère qu’un aspect particulier, tel le recours aux phytos, les résultats peuvent différer. On constate ainsi dans certaines études que «le recours aux traitements ne permet pas de créer significativement plus de valeur ajoutée, ni d’améliorer la productivité, ni la profitabilité des exploitations de grandes cultures» tempèrent les auteurs.
Une baisse de charges inférieure à la perte de CA
Certes, les consommations intermédiaires sont moindres dans les exploitations très performantes du point de vue environnemental (-31.000€). Mais cela ne compense pas la perte de chiffre d’affaires due à la différence de production.
D’autre part, les subventions (aides couplées et découplées, aides au développement rural) sont globalement les mêmes entre les deux catégories. «Ainsi, les MAEC ciblant les grandes cultures sont de 100 à 130€/ha, alors que la différence de valeur ajoutée observée est plus élevée. 185 €/ha, sans prendre en compte les coûts de de formation, les coûts de transition…», complètent les auteurs.
Précisons aussi que les prix de vente des productions issues de pratiques plus agroécologiques ne sont pas supérieurs. Ce qui ne permet pas de rattraper le décalage.
«Incitation» environnementale avec la nouvelle PAC et le prix des engrais
Reste que l’objectif d’une double performance environnementale et économique demeure atteignable. D’ores et déjà, certaines exploitations y parviennent. La flambée du coût des engrais, ces derniers mois, devrait inciter également à modérer la fertilisation. Et donc, gagner en performance environnementale.
D’autre part, le profil de la prochaine PAC devrait inciter aussi à privilégier des pratiques plus agro-environnementales en présence des «éco-régimes».
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