Après la tempête, c’est un retour au calme qui se profile sur le marché du maïs. « La prime de risque liée à la conjoncture en mer Noire est derrière nous », annonce Arthur Portier, consultant pour le cabinet de conseil Agritel. Et ça se voit, les cours n’ont jamais été aussi bas depuis un an. « Au plus bas, les prix ont frôlé les 240 €/t, c’était fin mars, pour flirter avec les 245 €/t aujourd’hui, détaille-t-il. Nous arrivons à des niveaux de prix correspondants à la période d’avant conflit. »
Marché du maïs : un corridor maintenu ?
En effet, depuis, la situation s’est beaucoup détendue. Avec notamment le corridor d’exportation de céréales qui a été reconduit jusque la mi-mai, les cargaisons de maïs ukrainien arrivent sur le marché. « Le maïs représente les deux tiers des tonnages qui sortent de ce pays, précise Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre chez FranceAgriMer. La plupart de la marchandise est expédiée en Chine, en Espagne, aux Pays-Bas et en Turquie. »
Toutefois, sur ce plan, la situation pourrait évoluer d’ici quelque temps. En effet, la Russie estime que les conditions liées à l’accord sur le corridor ne sont pas respectées, notamment par les Européens. Le spectre d’une non-reconduction des accords entre les pays plane et laisse les opérateurs sur le qui-vive. Entretemps, la Russie continue d’exporter ses grains.
Récolte record au Brésil
Toutefois, l’hémisphère sud arrive aux affaires avec la campagne d’exportation de la récolte qui débute. « Au Brésil, les rendements atteignent des records malgré des semis compliqué, explique Arthur Portier. L’USDA, le ministère de l’Agriculture américain, a d’ailleurs revu sa prévision de production à 125 millions de tonnes. »
Un record qui comblera largement la récolte catastrophique de son voisin l’Argentine. Le pays subit une forte sécheresse, qui décime sa production de maïs. Le maïs sud-américain vient concurrencer celui des États-Unis et fait aussi pression sur les prix au niveau mondial.
À moyen terme, les semis de printemps vont débuter dans l’hémisphère nord. « Aux États-Unis, on estime que les surfaces emblavées seront sensiblement identiques, ajoute Arthur Portier. Mais les conditions pédo-climatiques seront-elles satisfaisantes ? « Des risques de sécheresse se font ressentir outre-Atlantique », observe-t-il.
Quid des semis de printemps ?
En Ukraine, si les zones de production de maïs ne sont pour la majorité pas concernées par le conflit, les coûts de production d’une telle culture et les risques engendrés vont peut-être pousser les agriculteurs à se tourner vers d’autres cultures.
En France et en Europe, « on s’attend à des baisses de surfaces consacrées à cette plante, lance l’expert. Les restrictions d’eau et les nappes phréatiques insuffisamment remplies risquent de profiter au tournesol, moins gourmand en eau, par exemple. »
D’autant que la demande en maïs pour le débouché de la fabrication d’aliments du bétail est en repli. « La filière est peu porteuse, estime Paul Le Bideau, directeur des marché chez FranceAgriMer. Même s’il reste compétitif, le maïs est concurrencé par d’autres cultures, d’autres provenances. La consommation de grains des fabricants d’aliments a été revue à la baisse cette année de 4 millions de tonnes. »
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