Pour l’agriculteur habitué à expédier 20 ha/h par la voie chimique, l’éventuelle tentation de passer au désherbage mécanique, et à sa cadence plutôt de l’ordre de 20 ha/j, se heurte à une sérieuse question, celle du temps. D’autant plus « qu’en juin, on a d’autres choses à faire. La prestation répond à cela. Sans cette organisation, nous n’aurions certainement pas biné 240 ha de maïs en seconde année. » Le résumé est formulé par Olivier Foucault. Il est adhérent de la nouvelle activité de la cuma des 3M. Dans ce groupe, il est pourtant l’un des rares agriculteurs à mener lui-même la bineuse Carré Econet.
Des outils assistés mais techniques
« Dans nos terres séchantes, je suis convaincu qu’il y a un effet bénéfique du binage sur les épis. » Pour lui, l’activité lancée à la cuma a de l’avenir. Il y a des signes qui ne trompent pas : « Aujourd’hui, nous avons les outils adaptés qui se développent, les constructeurs s’y mettent », avec des technologies pour sécuriser l’opérateur. La bineuse 6 rangs de la cuma des 3M est par exemple équipée du guidage par palpeurs lorsque les plants de maïs sont bien développés et par caméras pour les interventions aux stades plus précoces. « Mais il faut maîtriser l’outil et le tracteur », explique l’agriculteur qui passe la bineuse sur plus de 45 ha. La vitesse de travail en fonction de l’objectif ou les créneaux d’intervention pertinents sont autant d’enseignements que les trois principaux chauffeurs (un salarié et deux adhérents) de l’engin découvrent par la pratique.
La surface en prestation a doublé
La prestation complète, le président James Louvet souligne que la cuma a cherché à l’imposer au maximum sur cette activité. « Les arguments sont que cela maximise la surface faite et que cela favorise le développement de l’activité par la simplicité. Autrement, il faut que l’adhérent réserve, vienne chercher l’engin, l’atèle, rentre chez lui, le règle… Il ne démarre pas avant midi. » Une tentative un an, deux, voire trois « puis on se lasse. » Il en est certain : en service de location exclusif, « au bout de 5 ans, la bineuse serait restée sous le hangar. » A l’inverse, il constate que cette innovation suscite de l’intérêt et des adhésions.
Un atout charme de la cuma
Avec une certaine hétérogénéité des sols, l’insertion d’un ray-grass dérobé sur une partie de la sole… pour la cuma, la saison de binage s’étale sur une quarantaine de jours, avec un pic sur juin. « Il y a de la concurrence avec les ensilages d’herbe. Parfois, Samuel récolte le matin et bine l’après-midi, mais globalement, ça se passe assez bien. » Surtout, la cuma a conforté le poste grâce à cette activité dont la réussite repose aussi en grande partie sur la personne, ses compétences et son implication… James Louvet observe que dans le cas de la cuma 3M, « nous avons quelqu’un d’autonome. » Avec cet outil entre les mains, Samuel Lebaudy est en outre mobilisé pour une tâche qui lui apporte de la satisfaction. « La réduction de nos IFT est un sujet auquel il est aussi sensible », relaye son président.
Le développement de la gamme et d’une cohésion
Après la bineuse en 2017, une herse étrille arrivera dans la cuma en 2019, plutôt pour un service en location du matériel, pour un groupe initial constitué par 5 adhérents. Une houe rotative suivra peut-être un jour, le vœu a déjà été formulé à l’oreille du président qui se réjouit de voir qu’avec ces matériels, « des agriculteurs bio et les conventionnels travaillent ensemble dans la cuma. »
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[Reportage] Un service complet lisier avec chauffeurs salariés