Accidents climatiques. Déjà impactées par le stress hydrique, les cultures françaises ont dû faire face, sur la dernière décade d’avril, à des gelées nocturnes. Si l’impact sur les rendements est encore difficile à estimer, les deux instituts techniques (Terres Inovia et Arvalis) ont livré leurs observations pour repérer les incidences du gel sur colza et céréales à paille.
En colza
D’une façon générale, les symptômes de gel sur les cultures de colza s’observent préférentiellement sur les bords de parcelle: hampes courbées en train de se dessécher ou de jaunir, boutons et siliques avortés, feuilles présentant parfois des blanchiments ou fanées.
Allo @laurentjung54 et @alexandra_cadet ce sont les fleurs de #colza qui sont jaunes, et pas les siliques. Elles doivent être vertes, non !! pic.twitter.com/TiDVZRlpFD
— GUYOT Vincent (@GuyotVincent02) 4 mai 2017
Le gel a été beaucoup plus marqué en situation de vallée et/ou dans les zones basses des parcelles et les zones d’écoulement des courants d’air froid. Dans ces cas, les colzas peuvent être très impactés par le gel.
Des différences sont aussi observables en fonction de l’état de la culture qui a pu supporter plus ou moins bien le gel. Les colzas qui ont bénéficié de conditions favorables à l’implantation à l’automne (bon enracinement, croissance avant hiver satisfaisante), résistent relativement bien à ces à-coups climatiques printaniers (sec + gel). A contrario, les très petits colzas à l’entrée de l’hiver et/ou les colzas mal enracinés encaissent mal ces aléas climatiques.
L’aspect variétal n’est pas un facteur explicatif des dégâts observés. Ce sont les aspects «précocité» des différentes variétés qui peuvent éventuellement jouer.
Les véritables conséquences du gel restent toutefois très difficiles à estimer compte tenu des composantes du rendement du colza (nombre de siliques/m², nombre de grains/silique) et des capacités de compensation de la culture. En effet, la destruction de boutons, de fleurs, de jeunes siliques et même de graines dans les siliques, provoque la levée de dormance d’organes en latence, à condition bien entendu que les conditions d’alimentation en eau et minéraux soient assurées. Une observation minutieuse au terme de la floraison sera nécessaire pour élaborer une tendance.
Vidéo : Jean-Charles Deswarte, spécialiste en écophysiologie chez ARVALIS – Institut du végétal, donne quelques règles simples à suivre pour décortiquer les tiges de blés et d’orges et analyser la présence, ou l’absence, de dégâts sur les épis en formation, suite à un épisode de froid survenu durant la montaison.
En céréales à pailles
Avant ou autour du stade 2 nœuds, l’épi est encore petit (< 2 cm), avec des structures fortement turgescentes et fragiles, globalement sensibles au gel. Dans ces circonstances, un dégât de gel va se manifester par une destruction généralisée des cellules et une perte d’eau. L’épi va donc rapidement perdre son aspect brillant et turgescent, et se nécroser. Il est possible que la nécrose se propage à la feuille drapeau, qui va dépérir rapidement. L’épi ainsi touché disparaît progressivement, de même que la tige qui le porte. En coupant la tige en deux, on aboutit donc rapidement à un diagnostic définitif.
Les #orges et #blés ont souffert du #gel dans le #Loiret. #chambagri45 pic.twitter.com/PDhDor5CIq
— Maxence LEGENDRE (@max_cut_inge) 11 mai 2017
Passé le stade 2 nœuds, les dégâts de gel sont davantage susceptibles de se limiter à une partie de l’épi. Ils vont entraîner la destruction des pièces florales internes en cours de différenciation, sans faire totalement disparaître les glumes et glumelles déjà initiées.
Dans ces situations, il faut évaluer la part de l’épi touchée: les épillets non touchés pourront continuer à se développer et à compenser une partie de la perte de rendement si les conditions ultérieures le permettent. Il faut donc sortir l’épi de la gaine (sur maître-brin et sur talles principaux, pour plusieurs plantes) pour estimer un pourcentage d’épillets détruits.
On peut rajouter le risque de dégâts foliaires, avec l’extrémité des limbes qui se nécrosent. Les sensibilités variétales semblent importantes mais l’impact final est sans doute limité tant que les dégâts sont circonscrits au feuillage.
Pour une altération de la méiose, il n’y a pas d’observation réalisable à l’œil dans l’immédiat. Il est préférable d’attendre la floraison et le début de mise en place des grains.
Dur métier #Agriculteur, dégâts #gel sur #blé, et sur #maïs vers foreurs #corbeau et #sanglier Des fois on se sent seul ! @AgriEnMarche pic.twitter.com/sWmE89p3YY
— guillaume chamouleau (@guill_cham) 13 mai 2017