Renouvellement générationnel en Irlande : pas rentables
Emma Dillon résume : « La majorité des exploitations en Irlande sont gérées à temps partiel, car elles ne sont pas rentables. C’est problématique pour identifier un successeur au sein de la famille qui travaillerait ailleurs. »
En outre, « ces dernières années, les opportunités qui existent par ailleurs pour les jeunes gens ont certainement pesé. Tout comme les problématiques de qualité de vie et d’équilibre entre vie personnelle et vie privée, » détaille l’économiste. Et « du côté des cédants, il y a en général une inquiétude à partir en lien avec une pension de retraite inadaptée, et l’incapacité à financer des soins à long terme ».
Les repreneurs sont là
Du côté des repreneurs potentiels, les signaux ne sont pas négatifs : « Les cursus d’études liés à la production agricole mobilisent », note Emma Dillon. Mais les chiffres sur le devenir des diplômés le confirment. Si, en 2019, 44,85 % des diplômés travaillaient à la sortie de leurs études à plein temps sur une exploitation, ils n’étaient plus que 23,71 % en 2019. La majorité travaille aujourd’hui sur une exploitation à temps partiel.
« La production laitière constitue une exception notable », analyse Emma Dillon, « là où la création de partenariats d’exploitation (l’équivalent des Gaec, NDLR) signale une transition bien organisée, et où, généralement, les revenus sont au rendez-vous pour le cédant et le repreneur. »
Au global, « la majorité des transferts se passe au sein des familles », note Emma Dillon qui enfonce le clou sur la question des reprises par des personnes extérieures : « rares, étant donné la barrière que constitue l’accès à la terre. »
Emma Dillon supervise d’ailleurs le travail d’une jeune chercheuse, Holly Mullan, intitulé « par-delà le « jeune agriculteur »: défis pour les candidats à la reprise plus âgés ». Les entretiens qu’elle a menés sont à ce titre éclairants. Les moteurs qui les animent sont très profondément liés au respect, à la famille, à la tradition. La ferme, en Irlande, est perçue au-delà de sa valeur économique comme un patrimoine familial historique, à inscrire coûte que coûte dans une continuité.
Renouvellement générationnel en Irlande : cher foncier
Le dernier rapport de l’institut Teagasc sur les prix moyens du foncier agricole évalue à en moyenne 22 971 € l’hectare en Irlande (contre 6 200 €/ha en France en 2023).
Avec une fourchette allant de 15 526 € l’hectare pour les terres agricoles les moins valorisées, à 27 900 € l’hectare pour les terres les secteurs recherchés. Avec des pics atteignant 49 400 €/ha dans le très prisé comté de Waterford par exemple.
Pourquoi on en parle ?
Le renouvellement des générations dans l’agriculture est un sujet chaud en France. En Irlande aussi. Un tiers de l’effectif des agriculteurs irlandais a plus de 65 ans.
À titre de comparaison, l’âge moyen des agriculteurs français, selon le dernier recensement agricole, atteint 51,4 ans. Mais dans la verte Erin, c’est bien dans la famille, et dans la pluriactivité, que l’on cherche les solutions. La rentabilité économique n’étant pas toujours la seule boussole.
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