Le 3 septembre, le Premier Ministre Castex a détaillé le contenu d’un plan de relance de 100 milliards d’euros. Ce budget conséquent qui va peser lourdement sur les finances publiques, doit permettre de surmonter la crise économique actuelle. 1, 2 milliard sont directement fléchés vers les secteurs agricole et agroalimentaire. « Transition agro-écologique, reconquête de la souveraineté alimentaire, soutien aux circuit courts, lutte contre le changement climatique, … » figurent parmi les défis prioritaires relevés par l’exécutif. Ils composent la trame de fond dans laquelle s’inscrivent les différentes mesures précisées par le Ministère l’Agriculture. Le volet agricole du plan gouvernemental balaie large. Parmi les annonces les plus marquantes, citons :
Encourager des matériels plus sobres
– Lancement d’un plan protéines végétales doté d’une enveloppe de 100 millions. Cela répond à une revendication déjà maintes fois reprises par les organisations agricoles désireuses de cesser les importations massives de tourteaux de soja pour l’élevage ;
– Aide à la modernisation des abattoirs en vue de progresser en matière de biosécurité et de bien-être animal ;
– Coup de pouce aux agriculteurs et aux entreprises d’agroéquipements pour faciliter la mise en service d’équipements et de matériels plus précis et plus sobres en intrants ;
– Amplification des moyens dédiés au Bio et à la certification « HVE ». Dans le même esprit, un programme de replantation de 7000 km de haies est programmé pour favoriser la biodiversité ;
– Effort contre la sécheresse dans la gestion de la ressource, la recherche variétale de semences plus résistantes … et contre la grêle ou le gel grâce à une aide à l’acquisition d’équipements de protection
– Relocation des circuits alimentaires au bénéfice des cantines scolaires des petites communes et des ménages modestes dont l’accès à une alimentation saine et locale sera facilité.
Opposition, circonspection, approbation…
La palette des réactions est plutôt contrastée. Les organisations environnementales, telle que la fondation Hulot, restent carrément sur leur faim dans la mesure où ce plan n’offre pas selon elles, une rupture claire avec un modèle intensif.
De son côté, la Confédération Paysanne aurait préféré des mesures qui marquent une vraie réorientation des systèmes agricoles et alimentaires. La priorité pour le syndicat est de porter un coup d’arrêt aux politiques de libre-échange au profit d’une régulation des marchés et des volumes.
Si la Coordination Rurale « salue l’esprit de ce plan », elle exprime néanmoins sa grande réserve sur le faible montant du budget alloué au secteur agricole. Elle réitère en même temps sa demande d’une refonte du système actuel de construction des prix agricoles.
La tonalité du communiqué de presse diffusé par la Fnsea est globalement positive. Pour l’organisation syndicale majoritaire, « les attentes affichées figurent bien dans le plan, à une hauteur autorisant l’ambition … ». Le syndicat espère que ce plan puisse être décliné dans « des politiques fiscales, sociales et européennes susceptibles de redonner de la compétitivité à l’agriculture française ».
L’écho est également positif du côté de la Coopération agricole. Au-delà des mesures prévues en direction des exploitations agricoles, les dirigeants des coopératives agricoles françaises prennent acte également de la baisse des impôts de production pour la compétitivité des entreprises et le renforcement des fonds propres pour les TPE-PME. « Nous avions besoin d’un plan de sortie de crise, celui-ci y répond en grande partie » juge la coopération agricole.
Reste désormais à vérifier l’effectivité de cet ensemble de mesures et leur traduction concrète dans l’économie réelle…
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