Le conseil des ministres européens de l’agriculture, réuni le 14 mars dernier, a débouché sur un train de mesures sensées atténuer la crise de l’élevage: augmentation des plafonds de stockage pour le lait et le beurre, mise en place d’un observatoire européen de la viande, réouverture d’une aide au stockage privé pour la viande porcine, «expérimentation» de l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés… Plusieurs responsables agricoles et politiques restent cependant dubitatifs, même s’ils jugent que ces décisions vont plutôt dans le bon sens.
La maîtrise de la production laitière n’est pas garantie
Phil Hogan, le commissaire européen à l’agriculture depuis 2014, a dû accepter, sans doute à contre-cœur, quelques concessions à la doxa libérale en ouvrant la possibilité de déroger provisoirement aux règles de concurrence. Mais la réduction volontaire de la production proposée pour le lait est assujettie au bon vouloir des différents états membres ! En conséquence, il n’y a aucune garantie de maîtrise de la production laitière européenne, pourtant nécessaire pour assainir le marché et faire remonter les prix… Pour le commissaire irlandais, la PAC doit être essentiellement basée sur la concurrence. Ce qui revient à prôner «une régulation du marché par les faillites», dit amèrement à son propos, Eric Andrieu, euro-député socialiste. Alors que Michel Dantin, son homologue français du PPE, l’assure : «Le marché des produits agricoles n’est pas un marché comme les autres.»