«Agir pour le développement d’une agriculture et d’une alimentation d’intérêt général, pour la création de valeurs économiques, environnementales et sociales dans nos territoires», telles sont les valeurs revendiquées par les fédérations de l’agriculture biologique. Sont-elles compatibles avec l’émergence d’élevages de taille quasi-industrielle? Non, répondent en chœur Guillaume, président de la FNAB, et David Leger, secrétaire national «volailles», qui déplorent le phénomène de concentration observé dans la filière avicole.
David Léger cite le cas d’un élevage italien de poules pondeuses bio dont l’effectif atteint 100.000 poules. «En France, des élevages de plus de 15.000 poules pondeuses biologiques sont apparus ces dernières années. Ils ne représentent encore que 2% des exploitations mais déjà 20% du cheptel», constatent, amers, les responsables de la FNAB qui soutient une limitation des élevages à 9.000 poules. Paradoxalement, les petits élevages de volailles de chair en bâtiments mobiles, pourtant plébiscités par les consommateurs, se verraient avec la proposition de la Commission, soumis à un durcissement des règles de production, dénonce la FNAB.
Lien au sol
En parallèle, il apparait que des créations d’élevages avicoles bio, appuyés par certains opérateurs de la filière, contournent l’exigence de respect du lien au sol. Celle-ci oblige clairement les producteurs, sauf exception, à disposer des surfaces nécessaires pour nourrir leurs volailles. Or, certaines exploitations n’hésitent pas créer des entités juridiques distinctes pour échapper à cette obligation.
Maîtrise des volumes
A l’Ouest, on constate plusieurs projets de reconversion en bio de vastes poulaillers conçus initialement pour produire du poulet de chair standard. Certes, cela répond opportunément à la demande croissante en poulets et œufs bio. Toutefois, les représentants de l’agriculture biologique se veulent attentifs à la maîtrise des volumes mis en marché de manière à éviter que la massification rapide de l’offre puisse déboucher un jour sur une surproduction.
… et de l’image
Autre risque pointé du doigt avec le développement de ces grosses unités de production, leur impact négatif sur l’image de la production biologique et la confiance qu’elle inspire auprès des consommateurs. L’AB étant basée sur des élevages à «taille humaine» susceptibles d’être en phase avec les attentes de la société en matière d’impact environnemental, de qualité du produit et de bien-être animal.
Questionnement en porcs
Dans une moindre mesure, la filière porcine est également interpellée par le développement d’ateliers bio de grande taille. Cet agrandissement des élevages semble d’autant plus aisé que la réglementation autorise la production de porcs bio dans des bâtiments avec 2/3 en caillebotis (maxi) et 1/3 sur paille. Dans la Vienne, un projet de création de porcherie bio de grande envergure avait suscité, l’an passé, un vif débat au sein même de la profession. A défaut d’une réglementation sur la taille maximale d’élevage, les responsables de la FNAB appellent tous les acteurs des filières volailles et porcs, à rester dans des modèles d’élevage cohérents et fidèles à l’esprit originel de la bio…
A lire aussi: