« Nous sommes bien dans l’idée qu’il faut transformer la PAC, la simplifier, la rendre plus utile, mais nous sommes dans l’obligation que la PAC reste un filet de sécurité », a déclaré le ministre français Stéphane Travert à son arrivée à cette réunion qui devrait permettre à l’exécutif européen de recueillir les premières réactions des Etats membres sur la réforme de la PAC.
La France cherche des « alliés », a expliqué M. Travert, pour défendre ses positions dans la négociation à venir au sein même du Conseil (les 28) puis avec le Parlement européen et la Commission. Le lancement de la politique agricole réformée à partir de 2021 va coïncider avec le débat d’un nouveau cadre pluriannuel financier (2021-2027), également en cours de négociation entre Etats membres et colégislateurs.
L’exécutif européen, à la recherche d’argent frais après le départ du contributeur britannique et la définition de nouvelles politique prioritaires (défense, sécurité, migration), propose de raboter de « 5% » la PAC. Le chiffre est déjà contesté, des méthodes de calcul alternatives anticipant des coupes beaucoup plus importantes. « Nous sommes un peu sceptiques sur le budget, parce que pour une réforme plus ambitieuse il faut plus d’argent », a résumé la Slovène Tanja Strnisa.
« On est obligé de constater que l’agriculture s’installe comme la variable d’ajustement du budget européen », a déploré le ministre belge Denis Ducarme, qui estime les pertes pour la Belgique entre 400 et 600 millions d’euros. « Ce sont de très gros efforts qui sont demandés à certains pays », a-t-il noté. Le ministre irlandais Michael Creed s’est dit « très préoccupé ». « Il n’est pas raisonnable de demander aux agriculteurs de continuer à faire de plus en plus pour de moins en moins d’argent », a-t-il déclaré.
La Commission, dans son projet de réforme, préserve la structure des deux « piliers » de la PAC (aides directes et soutien au développement rural). Les coupes budgétaires plus importantes sont prévues dans le deuxième pilier: plus de 15% de fonds en moins pour tous. Si pour les aides directes la Commission table sur une baisse moyenne de 3,9% en moyenne, certains Etats membres qui touchent actuellement des aides moins élevées s’en sortiraient mieux au titre de la convergence.
Au Portugal par exemple, où les aides au développement rural représentent environ la moitié de l’enveloppe nationale de la PAC, le ministre Luis Capoulas Santos s’inquiète de la contribution nationale nécessaire pour compenser les pertes (« cofinancement »). « Cela représentera un effort pour le budget national deux fois plus important » qu’actuellement, a-t-il expliqué à des journalistes.