« La quasi-totalité de ma récolte est foutue », estime Grégory Chardon, exploitant à La Roche-de-Glun, à l’ouest de Romans-sur-Isère, épicentre de la tempête qui a balayé la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Son exploitation produit abricots, pêches, cerises mais il n’en sortira pas grand-chose cette saison, malgré les filets de protection dont certains n’ont pas résisté à des grêlons gros comme des balles de ping-pong. Peu de fruits ont été épargnés, beaucoup étant déchiquetés ou tombés par terre.
Pour M. Chardon, qui préside la fédération départementale du syndicat FNSEA, c’est « du jamais vu« . « Les dégâts sont énormes, des céréales, des serres et le maraîchage sont touchés, la vigne aussi. »
Dans la commune voisine de Pont-de-L’Isère, « on a vraiment cru que c’était la fin du monde », raconte Aurélien Esprit en faisant le tour de ses vergers dans une vidéo diffusée sur Facebook.
« Je vais vous montrer ce qu’on vient de se prendre », poursuit-il, à chaud et en retenant ses larmes. « Tout est foutu, j’ai jamais vu ça, ce sont des blocs de glace entiers qui sont tombés. »
Le sol est jonché d’abricots. Ses jeunes pommiers ont souffert également. « La saison s’est malheureusement arrêtée pour nous hier soir. Je vais pas m’en sortir cette fois je crois », souffle l’agriculteur qui est aussi conseiller départemental LR.
« Dramatique »
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, ancien président du département, est venu constater les dégâts dimanche matin dans la Drôme.
« J’ai rarement vu des épisodes comme celui-ci, la situation est vraiment dramatique« , a-t-il déclaré sur BFMTV. Il a assuré que l’état de catastrophe naturelle serait reconnu « dans les deux jours qui viennent » après les remontées d’informations nécessaires. L’état de calamité agricole aussi.
Pour lui, il n’est « pas pensable que des exploitants mettent la clé sous la porte après cet épisode ». Des aides seront apportées en termes de cotisations sociales et d’impôts, en complément des assurances pour ceux qui en ont.
C’est le cas de Thierry Perrot-Minot, qui produit des fraises des bois à Romans. « Le plastique résiste mieux que le verre en principe mais là mes serres ressemblent à une passoire. Elles sont assurées pour la structure mais le plastique n’est pas assurable, j’en ai pour 15.000 euros s’il faut tout changer et ça risque d’être pour ma poche », redoute-t-il avant d’aller voir son assureur lundi.
Les agriculteurs ont également subi des dégâts en Isère et en Savoie, où 200 à 300 hectares de vignoble ont perdu leur récolte de l’année selon Yannick Uchet, président des vins d’Apremont. Et celle de 2020 est compromise car « les bois sont touchés gravement et on n’aura pas de quoi tailler l’année prochaine ».
Certains exploitants ont appelé les habitants, sur internet, à leur venir en aide, et des cagnottes en ligne ont été ouvertes. Des forêts ont aussi souffert.
Vitraux brisés
Samedi, jusqu’à neuf départements avaient été mis en alerte dans la région par Météo-France. En Haute-Savoie, une touriste allemande de 51 ans est morte écrasée par la chute d’un arbre sur son camping-car.
Les dégâts matériels ont été importants à Romans-sur-Isère dans la Drôme, où des rues se sont brutalement transformées en torrents. Pompiers et services techniques ont bâché en urgence de nombreux bâtiments en attendant les réparations.
« On a des toitures très endommagées », indique le lieutenant-colonel Hervé Gabion, du service départemental des secours. Les pompiers sont intervenus à près de 600 reprises à Romans et alentour.
« Des phénomènes météo aussi violents sont très rares, sur ce secteur-là je n’en avais jamais constatés », ajoute-t-il.
Les grêlons ont brisé des vitres de voitures, d’habitations, de commerces mais aussi des vitraux de la collégiale Saint-Barnard à Romans; dans l’agglomération, ils ont endommagé des écoles et transpercé une verrière sur le toit d’un gymnase où se déroulait une compétition de judo.
Les orages ont aussi fait un mort en Suisse, où une plaisancière s’est noyée samedi dans le lac Léman quand son bateau a coulé au large de Genève.
[Complément Entraid’]
Vu sur les réseaux sociaux