L’herbe représente la première richesse de nos exploitations. Il est normal que sa récolte fasse l’objet d’une attention et d’un investissement particulier.» Paul Garcia, président de la cuma de Montgauch, près de Saint-Lizier, au cœur du Couseran, l’affirme, la création en 2011 de la cuma est pour une part essentielle liée à la question du fourrage. Une préoccupation logique dans une région dédiée à l’élevage bovin viande.
Pratique du travail en commun
Prenant, il y a six ans, dans la foulée de son installation, son bâton de pèlerin, Paul Garcia, convaincu de l’intérêt d’un investissement en commun, décide ainsi huit exploitants voisins de se lancer dans une démarche collective. Celle-ci avait disparu du paysage local, après la cessation d’activité d’une première cuma locale dans les années 90. Le premier achat concernera ainsi une enrubanneuse, suivi de quelques outils de travail du sol, charrue, herse de prairie, utilisés avec les tracteurs individuels.
«Une pratique de travail en commun a commencé à se développer avec quelques adhérents autour de l’enrubanneuse, par exemple pour le ramassage des balles.» Une pratique qui préfigurait déjà, dans une certaine mesure, la dynamique aujourd’hui en vigueur autour de la récolte de l’herbe. Et qui prendra de fait une dimension supplémentaire à travers la création d’un groupe articulé autour d’une chaîne fenaison.
La qualité, un objectif prioritaire
«Nous étions plusieurs à posséder un matériel de fenaison vieillissant. Un équipement en cuma s’avérait de toute évidence préférable à un renouvellement individuel.» En 2013, ils sont ainsi quatre — Paul Garcia, Régis Crone, actuel trésorier de la cuma, Jean-Michel Desvallet, vice-président, et Olivier Raufast, secrétaire — a se mobiliser pour l’achat de deux faucheuses-conditionneuses à fléaux, d’une faneuse et d’un andaineur double, de marque Pöttinger, un investissement d’environ 53 000 euros. «Il nous paraissait logique de faire un choix homogène sur l’ensemble de la chaîne avec une marque et des outils éprouvés. La qualité représente une priorité majeure», précise Paul Garcia.
Une presse à balles carrées, utilisée aussi par un cinquième adhérent, complétera l’ensemble. Après une première campagne assurée avec les tracteurs individuels, décision est prise, en 2015, d’acheter un tracteur, un John Deere 150 ch, équipé de pneus larges pour éviter de déstructurer le sol pendant les chantiers de printemps. Il est utilisé pour la fauche et le pressage. Le choix de faucheuses-conditionneuses, portées à l’avant et à l’arrière, se justifiait, explique Paul, à la fois par la volonté de pré-andaineur et d’accélérer le séchage du fourrage, en particulier pour la récolte en vert. Dans ce secteur, les fauches précoces, en avril, sur un sol humide, impliquent de limiter les interventions pour préserver celui-ci. Aujourd’hui, le total des surfaces fauchées à l’année représente 320ha, dont 120ha en vert, y compris une deuxième coupe en juin, et parfois une troisième, pour le foin en sec.
Rationalisation et gain de temps
Mais la récolte de l’herbe, au cœur de l’activité de la cuma, a aussi permis de mettre en oeuvre une organisation spécifique de la répartition et du partage du travail. Chacun des quatre membres du groupe a pris en charge l’un des outils, basé sur son exploitation: Régis, les faucheuses; Olivier, la faneuse; Jean-Michel, l’andaineur; la presse pour Paul. Et au-delà de la simple gestion du matériel, c’est celle de l’ensemble des chantiers associés à chacun des outils qui fait l’objet d’une mise en commun. Concrètement, chaque responsable d’outil, spécialisé avec celui-ci pour les chantiers correspondant, intervient dans ce cadre spécifique sur l’ensemble des exploitations du groupe.
Une rationalisation des interventions qui peut, en outre, s’appuyer sur la proximité des parcelles. La gestion du planning, sur de simples coups de fil, est facilitée par la taille relativement réduite du groupe. Une bonne entente qui permet de rééquilibrer le temps de travail de chacun grâce à une banque de travail informelle. «Le fait de travailler en continuité, sans avoir à dételer, représente un gain de temps considérable», souligne Régis Crone. «Sans compter le fait d’être libéré, en toute confiance, des autres phases de la récolte. Cela m’a notamment permis de prendre pour la première fois, cet été, une semaine de congés…»
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