Si la charrue reste l’outil le plus tout-terrain pour réguler les adventices sans user de glyphosate, son emploi conserve des inconvénients et nécessite des précautions. Certains sols (superficiels pierreux par exemple) se prêtent relativement mal à l’exercice. Le contexte d’un couvert très développé propose un autre exemple.
Une publication d’Arvalis en janvier conseille donc le broyage préalable de la végétation, dans la plupart de ces situations. Ceci est d’autant plus utile que le laboureur devra veiller à enfouir de façon assez homogène sur la largeur de son passage. La présence d’une bande de résidus apparents derrière la charrue est un effet un signe qui doit inciter à réviser les réglages.
Pour déterminer si la charrue travaille à une profondeur suffisante, «c’est là finalement un bon indicateur à regarder», ponctue Jérôme Labreuche, ingénieur de l’institut.
Le labour, valeur sûre pour réguler les adventices sans user de glyphosate
Pour autant, la charrue n’est pas le seul outil se donnant voix au chapitre en matière d’alternative au glyphosate. En cas de temps séchant, un travail superficiel à 8-15cm présentera, par exemple, une polyvalence comparable, car c’est le phénomène de dessèchement qui détruit les adventices.
De ce fait l’objectif de ce mode d’action est simple. Il consiste à déloger et exposer la végétation et ses racines. Pour cette même raison, doter son outil d’une herse est préférable au rouleau lourd. Ce dernier est plus adapté à «faire lever de nouvelles adventices.» Donc dans un objectif de faux semis, expliquent les ingénieurs d’Arvalis.
Agir en plein
Dans leur publication de janvier, Jérôme Labreuche et Damien Brun retiennent une première règle. Toutes les plantes doivent être déracinées. La destruction efficace des adventices par un travail superficiel passe par une action sur «100% de la surface.»
Ainsi, dans cet objectif de désherbage, ils pointent «les outils à dents équipées de socs larges, travaillant bien à plat et se chevauchant entre eux.» Ils s’avèrent souvent préférables aux socs étroits ou aux disques.
La technicité de l’opération et son efficience résultent aussi de la flore en présence. En effet, les graminées se montrent peu sensibles à la plupart des ces alternatives au glyphosate. À partir du tallage en conditions humides, elles sont d’autant plus tenaces. «Sur ce type de cible, l’efficacité du travail superficiel est très dépendante du climat. Les conditions doivent impérativement être séchantes.»
À l’inverse, lors de leurs premiers stades (jusqu’au stade «3-6 feuilles» ou rosette), «les dicotylédones annuelles sont faciles à détruire.» C’est le cas des repousses de colza, du laiteron rude ou du séneçon commun. Néanmoins, ces premiers exemples d’adventices restent sensibles à l’action mécanique par la suite. En revanche, «le gaillet gratteron, la matricaire et le géranium», deviennent moins conciliants. Et à partir de ce stade charnière, ils se sont montrés aussi durs à détruire que des graminées.»
Viser la profondeur de travail juste pour bien gérer la flore
Selon la flore et le temps des jours suivants, un travail plus léger peut montrer une efficacité satisfaisante. À l’inverse, des travaux d’Arvalis et Terres inovia invitent à la prudence vis-à-vis de l’augmentation de la profondeur de travail. Aller au-delà de la profondeur suffisante pour l’outil employé n’apporte globalement pas d’efficacité supérieure. «En effet, en travaillant plus profond, un outil a tendance à créer plus de mottes.» Cela limite la mise au jour des adventices et de leurs racines. Elles seront de fait moins exposées au dessèchement.
Ainsi un tel choix peut même s’avérer contre-productif. Et ce, sans compter que l’agriculteur doit intégrer d’autres objectifs et paramètres dans ses décisions de travail du sol. Quoi qu’il en soit, pour valider que son passage scalpe bien 100 % des plantes indésirables: «il est indispensable de réaliser un mini-profil au champ», conseille enfin l’article invitant donc à prendre le temps de descendre du tracteur pour observer.
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