Que faire si.. mon salarié est écolo?

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Que faire si.. mon salarié est écolo?

On peut aimer les tracteurs et être écolo... La preuve! Crédit: John Deere Store

Il prend sa gourde d’eau filtrée dans la cabine du tracteur. Il privilégie le covoiturage. Il vous demande pourquoi ne pas poser des panneaux solaires sur le hangar. Voilà, vous avez un salarié écolo. Et maintenant, que faire? 

Excellente nouvelle: votre salarié (ou salariée) fait partie des “transféreurs”,  “des salariés qui se mobilisent pour diffuser leurs pratiques écologiques au bureau”, indique dans son chapitre introductif le “Petit manuel pour l’entreprise: comment agir pour le climat?

Sauf que… la vie en entreprise ne se réduit pas au bureau. Dans les cuma et les exploitations agricoles aussi, arrive une nouvelle génération de salariés qui ont aussi à coeur d’être cohérents. Voici donc une sélection d’actions tirées de cet ouvrage, et enrichies par celles qui concernent directement les exploitations agricoles et les cuma.

Mais d’abord, pourquoi?

Avant tout, d’où vient ce mouvement? Il est logique: comme les exploitants, les salariés agricoles sont frappés de plein fouet dans leur quotidien et leurs activités professionnelles par le changement climatique.

Un petit panorama? Modifications des régimes de précipitations (voire désertification), menaces sur les eaux potables, migrations des espèces cultivées/élevées, nouveaux ravageurs, nouvelles maladies pour les animaux, les végétaux et les humains, conflits sur les ressources… Allez, on s’arrête là.

“Ces salariés, qui auraient pu être stigmatisés il y a quelques années, correspondent aux nouvelles aspirations générationnelles”,  indique l’auteurs, Pascale Baussant. Citant le sociologue Gaëtan Brisepierre, elle précise que “L’entreprise devient un lieu d’engagement écologique et de transformation du monde; et si elle ne s’adapte pas à cette nouvelle donne, elle sera en complet décalage avec la jeune génération.”

En clair, ces profils préfigurent les salariés qui arriveront demain sur le marché du travail. Ils s’engagent à lutter notamment contre le réchauffement climatique par réalisme, pragmatisme, et parce qu’il n’y a plus le choix.

Triple bénéfice

Un employeur (agricole ou pas), en s’associant à leurs préoccupations, fait coup triple: d’abord, il contribue à l’effort commun que devient la lutte contre le dérèglement climatique. Après tout, les agriculteurs font partie des premières victimes de ce réchauffement.

Deuxièmement, en permettant à ces salariés “pionniers” d’être cohérents dans leurs engagement privés et professionnels, l’employeur crée un facteur d’engagement et de motivation supplémentaire. Et peut peut-être engager d’autres personnes -adhérents, salariés- à les rejoindre dans ce combat important.

Enfin, il réalise souvent des économies.

Petits gestes efficaces… ou pas?

Les “petits gestes” font aujourd’hui polémiques. En effet, les promoteurs du “Chacun fait sa part” sont aujourd’hui remis en cause par une partie des mouvements écologistes, accusés de surresponsabiliser les individus.

Et accusés surtout de ne pas remettre en cause les pratiques des plus gros contributeurs au changement climatique: industriels (dont la branche industrielle de l’agriculture) et systèmes politiques reposant sur une hypothèse de croissance infinie.

Mais ces petits gestes constituent souvent un début de cheminement. Et viennent remarquablement compléter ce qu’entreprennent les cuma au quotidien: le partage de matériels performants et l’emploi de salariés formés leurs permettent de s’inscrire fermement dans des objectifs d’économie, d’efficacité mais aussi d’entraide et d’autonomie décisionnelle des agriculteurs.

En creux: acheter moins de matériels, travailler efficacement, créer des réseaux de solidarité et d’échanges de connaissances, maintenir des exploitations de taille familiale dans lesquelles  des agriculteurs -et non des gestionnaires de capitaux- prennent les décisions. Maintenir des actifs dans le monde rural.

Un ensemble de raisons qui font que les cuma ont des atouts à faire valoir auprès de  salariés sensibles aux questions environnementales.

Voici donc comment aller un tout petit peu plus loin.

Les actions liées aux matériels agricoles

Les fédérations de cuma de proximité organisent régulièrement des stages de conduite économique et des Banc d’essai moteur destinés à fournir un diagnostic sur les performances moteurs des tracteurs et des automoteurs.

En suivant les conseils d’entretien, de réglage, de remise en état, et en adoptant une conduite économique, il est possible d’économiser, en moyenne par tracteur 2 litres de gazole par heure de travail.

Ces sessions sont fréquemment subventionnées par les collectivités locales.

Lire également: « Puissance, âge, consommation: bilan de 3 ans de passage au banc de puissance »

Les actions gratuites pour l’entreprise

Les actions gratuites sélectionnées dans le “Petit manuel  pour entreprises : comment agir pour le climat?”, qui peuvent s’appliquer dans les cuma, concernent essentiellement la bureautique.

Elles sont simples d’accès.

  1. Favoriser les éco-gestes promus par l’Ademe en lien avec le matériel informatique: contrôler les veilles des ordinateurs, favoriser les visio-conférence pour éviter les longs déplacement, etc.
  2. Favoriser les moteurs de recherche gratuits et “militants”, du type Ecosia. Ce dernier plante un arbre tous les 50 clics environ.
  3. Impressions: choisir une police de caractères économe en encre: c’est simple et cela permet d’utiliser jusqu’à 33% d’encre en moins. En choisissant les polices gratuites “Ryman Eco” (-33% d’encre en moins selon le “Petit manuel”) ou “EcoFont” (-25%). La police Century Gothic, présente dans la plupart des logiciels de traitement de texte, fonctionne aussi très bien (-30% par rapport à la traditionnelle police Arial) même si elle conduit à une légère surconsommation de papier.
  4. Recycler le papier et les cartouches d’encre: un fournisseur comme Bureau Vallée récupère les cartouches pour les faires recycler, et en rachète même certaines.
  5. Adopter des pratiques de “sobriété” au niveau des mails: supprimer les courriers et les abonnements aux newsletters inutiles et vider régulièrement sa corbeille.

Les actions peu coûteuses pour l’entreprise

  1. A boire: s’équiper de tasses et de gourdes pour les chauffeurs et les personnes régulièrement présentes à la cuma. En ce qui concerne les gobelets en plastique, il s’agit d’un travers plus fort dans les entreprises”classiques” que dans les cuma (où les distributeurs sont rares), mais l’utilisation de gourdes à la place des bouteilles en plastiques n’est pas encore si répandue dans les hangars et les cabines d’automoteurs.
  2. Du mobilier de bureau d’occasion: pas besoin d’aller trop loin, le réemploi de mobilier de bureau d’occasion est en plein essor.
  3. Des fournitures de bureau un peu plus “green”: des fournisseurs se spécialisent dans des gammes de consommables de bureau à base de papier recyclés et de systèmes rechargeables. c’est la société Bluedigo qui a été choisie par “Le Petit Manuel.”

Ce « Petit manuel pour l’entreprise: comment agir pour le climat? » fourmille d’idées pour aller plus loin. Certaines ne sont pas adaptées aux TPE agricoles, mais le tout est assez inspirant, et permet surtout d’engager le dialogue avec les salariés, et pourquoi pas les adhérents de la cuma sur ces sujets…. tout sauf annexe pour des agriculteurs. Ce sont certainement les groupes qui serviront d’incubateurs à de nouvelles idées.

A lire également: « ça chauffe du côté des transitions »

 

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer