«Le gel arrive toujours aux mêmes périodes. Le souci est que la végétation est plus en avance» résume Robert Rolland, président de la cuma arboricole Art’Bio dans les Hautes Alpes. «Quand je me suis installé, la floraison des pommiers était autour du 25 avril. Il y avait des gelées tardives mais le stade des arbres permettait de les supporter. Aujourd’hui au 25 avril, les arbres ont bien dépassé le stade floraison. Ils sont plutôt au stade petit fruit, gorgés d’eau et quand il gèle, ils éclatent.»
Même constat Pour Firmin Bompard, président de la cuma la Sahunaise dans la Drôme. «Nous observons aussi une avance d’au moins 15 jours sur le stade de développement des arbres. Cette année, la perte sur le verger d’abricotiers en raison du gel d’avril tourne autour de 70 à 80%.»
Des moyens de lutte contre le gel trop chers
S’équiper pour lutter contre le gel? «Ce n’est pas la solution pour moi. Des éoliennes? Avec un coût de 70.000€ pour protéger 4 à 6 hectares de pommiers cela commence à être important. En plus cette année, le gel a été accompagné de vent. Les éoliennes auraient été inefficaces. Sur certains vergers, nous avons aussi vu les limites de la protection par l’irrigation. Des arbres brisés avec le poids de la glace. Avec les bougies, le coût est d’environ 3.000€/ha et par jour. Au bout de trois nuits ce n’est plus rentable. Cela peut être valable si la solution est utilisée tous les 4 ou 5 ans.»
Pour la cuma la Sahunaise, les moyens de lutte contre le gel sont à l’ordre du jour. Après l’épisode de cette année, nous nous renseignons sur l’installation d’éoliennes fixes. Nous sommes aux prémices de la réflexion et en cuma c’est toujours un peu plus long. Ce serait le seul moyen d’avoir une protection active. Par contre, il faut bien sur voir le coût de l’investissement. Comment on réparti les éoliennes. Leur efficacité dans des terrains qui ne sont pas en plaine. Il reste encore beaucoup d’interrogations.»
Vers la diversification des cultures
Pour Robert Rolland, «la solution ne viendra pas de l’installation de moyens de lutte de plus en plus poussés. Elle passera par la diversification des cultures. Par l’implantation de variétés à floraison plus tardive. Il faut mettre en application ce vieux proverbe qui dit qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.»
Même son de cloche dans la Drôme. «Cela fait 5 années consécutives que nous subissons des épisodes de gel. J’ai commencé à diversifier mes cultures en implantant des herbes aromatiques. La période de gel d’avril dernier fait réfléchir. Si nous pouvons protéger efficacement une partie des vergers à un coût raisonnable, nous investirons certainement. Pour le reste, il va falloir trouver d’autres cultures.»
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